La montée de l’objet en position sujet est surnommée tough movement par certains linguistes car il rappelle un exemple typique : John is tough to please.
Seule une liste restreinte d’adjectifs permet ce procédé syntaxique : tough, hard, difficult, easy... On ne peut parler de tough movement que lorsque le prédicat est constitué de la copule BE et d’un adjectif compatible (par exemple be tough) et que le verbe de la subordonnée (ici please) est transitif : c’est son complément d’objet qui est déplacé en position sujet. Si l’on relit l’énoncé de près, on voit que l’ordre des mots pourrait prêter à confusion car ce qui est tough n’est pas John, mais <Someone — please John>.
Considérons un autre exemple : Facts are hard to come by. Ici la phrase ne veut pas dire que les faits sont difficiles mais qu’il est difficile de trouver des faits. Il y a donc un conflit syntaxique (facts déclenche l’accord) et le sujet sémantique qui serait to come by facts. La construction canonique correspondante serait donc : to come by facts is hard. Le mot facts étant objet dans la structure canonique (avec come by étant un phrasal verb transitif direct), on peut parler de monter de l’objet en sujet. Si l’on considère en revanche que facts est complément de la préposition by, on pourrait parler de montée du complément de la préposition en sujet. Quand on parle de tough movement, on prend l’image d’un mouvement au sein de la syntaxe contraint par l’emploi d’adjectif exprimant la difficulté ou la facilité.
Il est à noter que pour certains linguistes on n’a pas affaire à une montée de l’objet en position sujet, ni à un mouvement syntaxique (tough movement), car la construction présente des contraintes différentes. Pour eux, il est préférable de parler de thématisation du groupe nominal le plus défini — ici John —, qui renvoie à l’élément le plus saillant, d’un point de vue cognitif.