Ordre canonique thème-rhème
En premier lieu, il convient de rappeler que l’ordre « canonique » de la phrase, c’est-à-dire l’ordre le plus souvent observé des mots dans la phrase est le suivant : ce dont on parle (le thème) précède ce qui est mis en valeur (le focus).
Le thème est dit par le sujet et le sujet réfère le plus souvent à un agent. Il y a ordinairement une correspondance entre le sujet syntaxique et le sujet sémantique. Le sujet est en général plus court que le prédicat. L’objet est le plus souvent un patient, c’est-à-dire l’entité à qui il arrive quelque chose. Quand cet ordre canonique est altéré, des stratégies discursives différentes sont mises en place.
La structure passive
C’est le cas de la structure passive, qui associe le verbe auxiliaire BE au verbe lexical conjugué au participe passé. Dans ce réagencement de la phrase, le syntagme nominal sujet réfère le plus souvent au patient.
Le passif est une voix, ou diathèse, comme l’actif. BE dénote l’existence et le participe passé exprime un état résultant. Au passif, le sujet de la construction n’est pas l’agent mais le patient, l’expérient ou le bénéficiaire. L’agent, parfois introduit par BY n’est souvent pas mentionné car :
- il est évident ;
- non identifié ;
- non pertinent dans le contexte.
Le passif est souvent considéré comme le réagencement d’une structure active, mais ce n’est pas toujours le cas, comme dans l’exemple « climate change is caused by pollution » : à la voix active, « pollution causes climate change » ne véhicule pas le même sens ni les mêmes implications.
D’autres exemples montrent par ailleurs que certains énoncés à l’actif ne peuvent passer à la voix passive : « Cake is loved by me » ne peut raisonnablement se substituer à « I love cake ».
Et inversement, certaines constructions passives ne peuvent se mettre à l’actif, comme par exemple « The Prime Minister is reported to have been reelected » : à l’actif, il faudrait complètement changer les opérateurs de l’énoncé : « Journalists report that the Prime Minister was reelected ».
Le recours au passif tient en réalité essentiellement au besoin de thématiser le référent du sujet, c’est-à-dire souvent le patient. Cette thématisation vise à assurer la cohésion discursive. Et également, le passif permet de ne pas mentionner l’agent.