Le stoïcisme est une école philosophique pluriséculaire dont on distingue trois étapes :
- l’Ancien stoïcisme de Zénon (-332/-262), Cléanthe (-331/-232) et Chrysippe (-280/-206) ;
- le médio-stoïcisme de Panétius et Posidonius ;
- et le stoïcisme impérial et romain, d’Épictète, de Marc-Aurèle et de Sénèque.
Si les ouvrages des anciens stoïciens nous sont perdus, il nous en reste des fragments transmis par Cicéron, Plutarque, Sextus Empiricus ou encore Galien.
Le stoïcisme est un système, à l’image du monde. Il existe trois parties du discours philosophique (et non du système qui est un, total et universel) :
- la physique : connaissance du monde et de la nature ;
- la logique : bon usage de la raison ;
- l’éthique, qui vise la conduite de notre vie.
Ces trois parties du discours sont inséparables et s’impliquent réciproquement, comme les différentes parties d’un être vivant, mais elles représentent trois étapes dans la formation philosophique.
Selon Chrysippe, il faut commencer par la logique, qui permet de dissiper le doute. La logique nous apprend quelque chose, n’est pas un simple instrument : elle porte sur les formes et structures du raisonnement et du langage.
La logique stoïcienne est une logique des propositions, composées d’un sujet et d’un prédicat. Le signifié (lekton) désigne ce que l’on comprend à partir d’une réalité sonore (signifiant) ; les prédicats renvoient à un état de chose, à un événement, alors que les noms renvoient à des corps singuliers. C’est à propos des événements que se pose la question de la vérité.
Les stoïciens distinguent les propositions simples et les propositions complexes. Les propositions simples peuvent être définies (« celui-ci marche »), indéterminées (« quelqu’un marche ») ou singulières (« Socrate marche »). Les propositions non-simples sont conditionnelles (si p alors q), conjonctives (p et non q) ou disjonctives (p ou q).
On retiendra trois principes de la logique stoïcienne :
- les concepts universaux n’ont pas de réalité hors de l’âme et les propositions universelles sont reformulées en propositions singulières : Tout homme est mortel = si x est homme, alors x est mortel.
- Les propositions conjonctives sont vraies si et seulement si toutes les propositions qui les composent sont vraies. Il n’y a pas de degré de vérité ; la science est l’ensemble des propositions conjonctives vraies.
- Les propositions conditionnelles demandent un critère supplémentaire : la contradiction entre le contenu des propositions : « si p alors q est vraie si et seulement si non-q est incompatible avec p ».
La vérité est donc fondée ultimement sur la capacité à indiquer, dans une proposition définie, un sujet pour lequel un prédicat est bien le cas.
Le critère de vérité est l’impression cognitive ou compréhensive : l’impression que nous font les choses sur notre âme et qui :
- provient d’une cause réelle ;
- reproduit tous les caractères propres de cet objet ;
- ne pourrait provenir d’un objet qui ne serait pas l’objet dont elle provient. Si a et b ne sont pas un seul et même être, ils n’ont pas les mêmes propriétés : principe de la distinction des indiscernables.
Pour les stoïciens, le contenu d’une telle représentation ne dépend pas du sujet ; en revanche, l’assentiment dépend du sujet, et le sage est celui qui donne son assentiment à des propositions vraies.