Pour les stoïciens, tout ce qui existe est un corps. Le critère d’existence est le fait d’agir et de pâtir, ce qui suppose le contact.
Certaines choses peuvent cependant avoir une réalité, être quelque chose, sans pour autant être des corps. Le genre suprême est donc le quelque chose (le « ti ») parmi lequel on distingue les corps et les incorporels.
Les incorporels sont distincts des corps, car ils n’ont pas la propriété d’agir et de pâtir, mais ils n’existent pas : ils « subsistent ». Cela signifie que leur existence dépend du corps auquel il est relié :
- le lieu n’est pas un corps puisqu’un corps peut changer de place sans changer. La place désigne l’extension tridimensionnelle propre à un corps ;
- le vide est la place si elle est libérée d’un corps : selon les stoïciens, le vide entoure le monde ;
- le temps est l’intervalle du mouvement d’un corps : dans le temps, seul le présent, au sens du présent étendu, existe véritablement, passé et futur « subsistent » ;
- les lekta, ou signifiés, sont les prédicats des propositions et désignent les évènements qui arrivent au corps (comme « être coupé »).
Selon les stoïciens, le monde corporel est soumis à un changement perpétuel, dû à l’action de deux principes, immuables, qui constituent les corps : le souffle (ou Dieu ou feu artistique ou raison), principe actif et causal, et la matière (ou substrat), principe passif. Ces deux principes ne sont que deux aspects des corps, car ils n’existent jamais de manière séparée (théorie du mélange total : deux corps peuvent occuper le même lieu).
Ce changement peut affecter la qualité du corps (ce qui fait ce qu’il est), sa disposition (la manière dont il est), ou ses relations. Les stoïciens distinguent les relatifs subjectifs (comme le doux qui peut paraître amer à l’un ou à l’autre) et les relatifs objectifs et extrinsèques : je peux, sans bouger, ne plus être à la droite de quelqu’un.
Cela montre que tout se tient dans le monde, qui est une totalité finie et ordonnée, où tout événement a une répercussion sur l’autre. Au niveau temporel, cette unité se traduit dans l’unité du destin, qui est l’enchaînement des causes antécédentes.