Pour Hobbes, l’homme est fondamentalement mû par son désir. Mais le désir n’est pas le manque d’une chose qui, obtenue, annulerait ce désir. Pour Hobbes, contrairement à Aristote, il n’y a pas de plaisir sans mouvement et la félicité est « progression ininterrompue du désir allant d’un objet à un autre » (Léviathan, I, 11). Le désir est donc une force :

  • motrice ;
  • infinie ;
  • dont l’objet est indéterminé.

Le désir fondamental n’est pas d’acquérir davantage : le désir de puissance s’explique par la volonté de sécuriser son désir futur. Le désir porte toujours sur le futur, qu’il s’agisse de conserver ce que l’on a ou d’obtenir ce que l’on n’a pas ; il est donc aussi mû par la crainte de perdre ce que l’on a.

La puissance de l’homme, constitutive de sa liberté, lui permet de sécuriser son désir futur. C’est pourquoi l’homme désire d'abord la puissance, avant de désirer des biens. Or, ces puissances sont soit originaires soit instrumentales (Léviathan, I, 10). Les puissances originaires ou naturelles ne sont pas innées, ou acquises par expérience,  puisqu’elles incluent (outre la force, la beauté, la prudence et la libéralité) la noblesse, l’éloquence et les arts. Les puissances instrumentales sont, par exemple, la richesse, la réputation, les relations et la chance. Elles sont l’instrumentalisation du pouvoir d’autrui. Autrui apparaît d'abord comme un moyen pour augmenter sa puissance.

D’où la place que Hobbes accorde à trois causes de conflit : la rivalité, la défiance et la gloire. Comme la « réputation de puissance est puissance », la réputation est un des objets premiers du désir. Mais ce désir de réputation tourne souvent en vaine gloire, en surestimation de soi, et donc en conflit. La défiance est, elle, corrélative de la structure du désir : si l’autre cherche aussi à acquérir « puissance après puissance », comme la puissance passe par la domination d’autrui, il est normal de le craindre.