On peut définir l’histoire comme :
- le cours des événements passés,
- la discipline qui étudie le passé et en fait le récit.
Cette simple définition pose plusieurs difficultés :
- La comparaison de l’histoire à un cours interroge la continuité ou la discontinuité du processus historique. Est-ce que l’histoire est un enchaînement d’événements sans rupture ? Ou existe-t-il des ruptures radicales qui brisent la continuité du processus historique ? L’idée de révolution semble indiquer des formes de rupture, mais comme il est souvent possible de dégager des causes antécédentes à une révolution, l'on peut se demander si cette discontinuité n’est pas illusoire.
- La notion d’événement peut s’entendre en deux sens : a) comme ce qui arrive, survient de manière continue ; b) comme ce qui fait événement, c’est-à-dire brise la continuité historique. La question se pose alors du rapport de l’événement aux structures historiques (sociales, politiques…). En effet, certains événements ne peuvent se produire que dans des structures déterminées ; mais d’autres remettent en question la structure elle-même, comme par exemple la rencontre des colonisateurs et des indiens d’Amérique, qui déclenche une véritable déstructuration des sociétés amérindiennes.
- Le caractère passé de l’histoire interroge l’importance de l’histoire pour le présent : si, d’un côté, c’est bien le passé qui constitue le présent, le passé étant révolu et irréversible, on peut s’interroger sur l’intérêt qu’il y a à questionner le passé pour y chercher le sens du présent.
- Enfin, se pose la question de l’unité du cours de l’histoire. Peut-on intégrer toutes les différentes histoires (histoires individuelles/collectives, histoires des différents peuples, histoires sociales/économiques/ de l’art, de la science) dans un même processus qui évoluerait au même rythme ? Y a-t-il un sens immanent à ce cours de l’histoire qui en fait une suite organisée et logique, et non pas simplement une succession d’événements sans ordre ?