Hegel distingue l’esprit subjectif, moment d’une liberté qui coïncide avec l’intériorité (dans la pure intention), de l’esprit objectif, moment où la liberté se réalise concrètement dans le monde. C’est le moment :

  1. du droit, qui garantit l’exercice de la liberté individuelle,
  2. de la moralité, qui garantit son principe intérieur,
  3. de la vie éthique, qui garantit sa pleine réalisation.

Pour Hegel, il ne peut y avoir de liberté véritablement effective que dans l’État, dans une forme d’organisation politique où chaque individu :

  • peut suivre ses intérêts de manière sûre, car l’état le protège ;
  • se reconnaît dans l’état, dans l’universel, s’identifie avec lui et prend conscience qu’il a pour fin de protéger sa liberté.

L’histoire est, pour Hegel, le développement progressif de l’État moderne et donc de l'idée de liberté et de sa conscience de soi. Cet État ne trouve sa forme adéquate qu’à la fin de l’histoire (qui n'est pas la fin du temps, mais la fin du progrès de l'idée de liberté), notamment après la Révolution française : moment où, à travers des individus comme Sieyès ou Robespierre, la liberté, comme liberté de l’individu et en même temps égalité entre tous devient une idée dont on a conscience et qu’il faut réaliser.

Mais, pour Hegel, la Révolution française est :

  • le résultat d’un long processus de réalisation de la liberté et de constitution de son idée ;
  • n’est pas tout à fait achevée, car elle sombre dans la Terreur, en voulant imposer cette liberté de manière extérieure et abstraite, sans respecter les droits individuels.

L’État moderne c’est, pour Hegel, la synthèse de cette idée de liberté comme égalité entre tous et de la liberté comme apanage de l’individu, qu’il faut protéger par le droit.

On notera :

  1. l’Idée d’état, c’est l’état dans son principe, l’état tel qu’il devrait être. Pour Hegel l’idée cherche toujours à se réaliser, c’est le moteur de l’histoire ;
  2. ce but substantiel de l’histoire permet de lire l’histoire comme une histoire rationnelle, logique, orientée vers une fin. Mais cela ne signifie pas que tout est rationnel et nécessaire dans l’histoire. Hegel donne une grande place à la contingence.

L’histoire se développe en trois moments selon Hegel :

  1.  le moment oriental, où l’on a conscience de la liberté d’un seul et où un seul est libre : le tyran, le monarque : première figure de la liberté comme négation de toute détermination ;
  2.  le moment grec et romain : où l’on a conscience que quelques-uns sont libres, mais pas tous : les esclaves ne le sont pas. Ici, liberté est une figure d’autodétermination, mais suppose aussi la participation politique et le droit (notamment le droit romain) ;
  3. le moment moderne : avec le christianisme, qui introduit l’idée que tous les hommes sont libres. Mais cette idée met beaucoup de temps à prendre conscience d’elle-même : jusqu’à la Révolution française et à la monarchie constitutionnelle prussienne, qui constitue la fin de l’histoire.