Selon Kant, il est impossible de démontrer l’existence d’un plan de la nature ou de l’histoire. Cela ne peut relever d’une connaissance objective, car cela impliquerait de connaître la fin de la nature, dont, par définition, nous ne pouvons avoir aucune expérience.

En revanche, s’il n’est pas possible de connaître un tel plan, il est possible de le penser. Comme le remarque Kant dans l’Idée d’une histoire universelle d’un point de vue cosmopolitique, une telle idée n’est pas chimérique : elle est possible et même utile, et cela à plusieurs titres :

  1. Elle permet d’organiser la connaissance historique, qui sans cela risquerait d’être un simple « agrégat » de faits désordonnées : elle donne du sens à l’histoire, permet de la comprendre ;
  2. Elle permet de mettre en lumière une certaine progression, notamment dans le domaine politique, où la liberté semble avancer au fur et à mesure que les états se développent et se pacifient ;
  3. Elle permet de conforter l’homme dans son action pratique, en lui donnant l’espérance que les conditions de son bonheur sur terre seront un jour réunies. Un tel bonheur ne peut être prouvé, mais seulement postulé par une raison téléologique.

Le progrès n’est donc pas pour Kant un fait, mais un « fil conducteur », qui permet de lire l’histoire comme une progression continue et ininterrompue.

Une telle lecture se heurte aux désordres historiques et sociaux, mais d’après Kant il ne s’agit là que d’une apparence due à « l’insociable sociabilité » des hommes.