Dans son Traité sur l’entendement humain (TNH) et dans son Enquête de l’entendement humain, Hume procède à une analyse – tel un anatomiste – de l’esprit humain, et le décompose en ces unités élémentaires : les perceptions.

Parmi ces perceptions, il y a :

  • les impressions, qui sont des réalités originelles et désignent « toutes nos sensations, passions et émotions, telles qu’elles font leur première apparition dans l’âme » (elles sont définies par leur forte intensité) ;
  • les idées, qui sont dérivées des impressions et en sont une copie affaiblie : « les images affaiblies des impressions dans la pensée et le raisonnement » (TNH, I, I, 1).

Pour Hume, cette distinction n’est pas de nature, mais d’intensité. Elle n’a pas besoin d’être fondée, mais s’appuie sur le fait que « chacun perçoit de lui-même la différence entre sentir et pensée ».

Pour Hume, les impressions ne sont pas représentatives de réalités qui seraient extérieures à l’esprit. De ces réalités extérieures, nous ne pouvons avoir aucune impression distincte de notre esprit :

puisque rien n’est jamais présent à l’esprit que des perceptions, et puisque toutes les idées dérivent de quelque chose qui a été antérieurement présent à l’esprit, il s’ensuit qu’il nous est impossible de parvenir à concevoir ou former une idée de quelque chose de spécifiquement différent des idées et des impressions. Fixons notre attention hors de nous autant que possible ; lançons notre imagination jusqu’au ciel ou aux limites extrêmes de l’univers ; en réalité, jamais nous n’avançons d’un pas au-delà de nous-mêmes, ni ne saurions concevoir aucune sorte d’existence que les perceptions. (TNH, I, II, 4)

Cela ne signifie pas que le monde est illusoire ou entièrement subjectif, mais qu’il est impossible de spéculer sur une réalité qui serait extérieure à l’imagination : c’est une limite sceptique du discours. Les impressions sont des réalités originelles dont l’origine est inexplicable. La question même d’ailleurs ne change rien, car « nous pouvons tirer des inférences de la cohérence de nos perceptions, qu’elles soient vraies ou fausses, qu’elles représentent la nature exactement ou qu’elles ne soient que de pures illusions des sens » (TNH, I, III, 5).

C’est à ce travail de l'esprit, par lequel les différentes perceptions qualitativement isolées, s’unissent et forment un monde que Hume s’attache. Cette construction se fonde sur trois relations essentielles :

  • la ressemblance,
  • la contiguïté (dans le temps et l’espace),
  • la causalité.

Ces relations ne sont ni définitives, ni absolues, mais correspondent à une « force calme » qui pousse l’esprit à être aisément transporté d’une idée à une autre.