Pour Spinoza, les idées sont des actions mentales (des « concepts ») et non des perceptions passives. L’activité consiste, pour Spinoza, à être cause adéquate d’une chose, là où la passivité consiste à en être seulement cause partielle. Être cause adéquate d’une chose ne signifie pas ne pas être déterminé par l’extérieur (ce qui est impossible), mais être déterminé de telle manière que la considération de la nature d’une chose suffit à expliquer ses effets.

La question que pose Spinoza est alors de savoir à quelles conditions l’esprit, loin de subir les déterminations qui s’appliquent sur lui, devient actif.

Dans la proposition 29 de la deuxième partie de l’Éthique, Spinoza distingue ainsi :

  • la connaissance inadéquate – où l’esprit est déterminé du dehors, et contemple les choses de manière séparée ;
  • et la connaissance adéquate – où l’esprit est déterminé de l’intérieur et contemple plusieurs choses simultanément.

La connaissance consiste donc à comprendre les convenances entre les choses, leurs rapports et c'est pourquoi l’esprit est d’autant plus puissant que le corps est plus affecté (II, 13). Le passage de la connaissance se fait donc d’idées inadéquates, qui proviennent des affections du corps qui ne sont pas ordonnées par l’esprit, à des idées adéquates, en se détachant de « l’ordre commun de la nature ».

Selon Spinoza, cet itinéraire de la connaissance se fait :

  • à partir d’une idée vraie : car une idée vraie s’auto-atteste comme vraie : elle possède une évidence, une nécessité noétique qui fait qu’on ne peut la penser autrement :
Personne, dès lors qu’il a une idée vraie, n’ignore que l’idée vraie enveloppe la plus haute certitude ; avoir une idée vraie ne signifie rien d’autre en effet que connaître la chose parfaitement ou de la meilleure façon possible ; personne n’en peut raisonnablement douter à moins de croire qu’une idée est quelque chose de muet comme une peinture sur un tableau, et non un mode du penser, c’est-à-dire l’intellection même. [...] De même, en effet, que la lumière manifeste et la lumière même et les ténèbres, la vérité est la norme et de la vérité même et du faux (II, 43).
  • sans rechercher une méthode préalable : il n’est pas besoin, pour Spinoza, de rechercher une méthode avant de commencer à connaître (contre Descartes), car on irait ainsi à l’infini : l’esprit doit simplement s’appuyer sur les idées dont il est certain pour construire une connaissance stable « par sa puissance native » (Traité de la réforme de l’entendement, §30-33).

De cette théorie de la connaissance, Spinoza déduit :

  1. que l’idée fausse n’est qu’une idée tronquée, qui ne prend pas en compte toutes les causes qui déterminent une chose et vient d’une mauvaise application des noms aux choses ;
  2. que la connaissance rationnelle porte sur le nécessaire (ce qui ne peut pas ne pas être, car l’on voit toutes ses causes) et sur l’éternel (car ce qui est vrai est toujours vrai), alors que la connaissance imaginative (par ouï-dire ou par le langage) porte sur le contingent.