L'entreprise de Husserl se définit comme une entreprise de fondation (fundierung) des sciences : il s'agit d'expliquer pourquoi certaines propositions (comme le principe de non-contradiction, « 2 et 2 font quatre »...) nous apparaissent comme évidentes (soustraites au doute).

Dès les Recherches logiques, Husserl s'oppose à deux adversaires :

  1. au psychologisme, qui explique la science et les propositions scientifiques à partir d'une étude scientifique de la psyché humaine. Cette position aboutit, selon Husserl, au déterminisme (la science est déterminée par des processus psycho-physiologiques) et au relativisme (un autre système psychique aurait eu une science toute différente) ;
  2. à la tentative (celle de Frege) de fonder les énoncés scientifiques sur le langage (en particulier sur sa publicité et son universalité), sans avoir recours aux représentations subjectives et privées. Pour Husserl, le langage peut signifier à vide (comme dans le langage symbolique des mathématiques) sans que l'intuition soit remplie, sans que l'on « voit ce dont on parle ».

La position husserlienne consiste alors à revenir aux choses mêmes :

Nous ne voulons absolument pas nous contenter de « simples mots », c’est-à-dire d’une compréhension simplement symbolique des mots […] Des significations qui ne seraient vivifiées que par des intuitions lointaines et imprécises, inauthentiques, ne sauraient nous satisfaire. Nous voulons retourner aux choses elles-mêmes. (Introduction au deuxième tome des Recherches logiques)

Cette démarche implique :

  • une attitude descriptive, attentive à la manière dont les actes de la conscience se rapportent à leurs objets (Husserl parle alors d'intentionnalité) ;
  • il faut ramener l'activité scientifique à sa pratique, à son expérience.

La tentative d'Husserl est donc de fonder l'idéalité (le caractère objectif des énoncés les plus abstraits) sur le vécu subjectif.