Afin de découvrir l'idéalité dans le vécu subjectif, Husserl a mis en place deux méthodologies qui se complètent et définissent la phénoménologie.

La première perspective est celle de la variation eidétique ou réduction eidétique : celle-ci consiste à découvrir l'eidos (l'essence) en faisant varier, par une imagination libre, les caractéristiques d'une chose singulière (par ex. on fera varier la couleur d'une maison pour découvrir ce qui caractérise en propre la forme de cette maison). Ce qui est invariant, ce qui apparaît au croisement de toutes les variations, constitue l'essence d'une chose, qui est ainsi donnée dans l'intuition. Cette variation eidétique n'est

  • ni une induction, la déduction de caractéristiques générales à partir de ressemblances entre plusieurs choses singulières données ;
  • ni une abstraction, un raisonnement qui découvrirait l'essence d'une chose en la dépouillant de ses caractéristiques concrètes.

La réduction eidétique découvre sous le « conflit » des variations imaginaires d'une même chose ce qui demeure identique : l'essence conduit et limite la variation libre de l'imagination. Husserl entend ainsi relier les essences à l'intuition des choses concrètes (le fait).

Le second processus réside dans la réduction phénoménologique, qui consiste à suspendre notre croyance en l'existence réelle des choses et à ne décrire que ce qui nous apparaît en tant qu'il nous apparaît. Cette réduction suppose :

  • une suspension (épochè), négative, de notre attitude naturelle, qui consiste à attribuer une existence extérieure aux choses ;
  • un retour, positif, à ces choses, qui ne sont pas supprimées par la réduction, mais dont l'apparence devient inséparable d'un sujet qui les considère.

Les phénomènes décrits par la phénoménologie ne sont donc pas immédiatement donnés : ils ne sont décrits qu'après un changement brutal de notre regard sur le monde. Husserl entend ainsi rompre avec le naturalisme (qui considère les choses selon leurs déterminations matérielles) et l'objectivisme (qui croit que les choses ont une réalité absolument indépendante de l'expérience que nous en faisons).