La Phénoménologie de la perception (1945) prend acte des critiques formulées à Husserl et cherche, en se fondant aussi bien sur la description de l’analyse quotidienne, que sur celles, scientifiques, de cas cliniques ou expérimentaux, à explorer le phénomène de la perception.
Celui-ci est d’emblée conçu comme ambigu :
- il montre l’inhérence de la conscience au monde ;
- et une forme d’intention qui dégage un sens.
Des riches analyses de Merleau-Ponty, on peut retenir les notions de :
- Forme perçue : le sensible s’organise selon une signification globale et indivise qui précède la décomposition en sensations distinctes (reprise de la Gestaltpsychologie) ; contre la psychologie scientifique (Wundt), selon laquelle à chaque sensation isolée correspond une stimulation réellement et ponctuellement reçue par l’organisme, Merleau-Ponty met en avant l’unité expressive immanente au sensible : des structures s’agencent spontanément dans notre perception des choses ;
- Schéma corporel : renvoie au mode de perception de la configuration de notre corps, des distances relatives de nos organes, schéma que nous serions capables, par la perception interne, d’avoir de notre corps. Le corps est un ensemble d’organes, de fonctions sensorielles et de puissances motrices intégrées et cohérentes. Mais ce schéma n’est pas un simple fait biologique irréversible, il se construit et se modifie : le corps construit sans cesse de nouveaux montages, qui s’appuient sur des analogies et transpositions entre les différents éléments qui le composent, en fonction des buts qu’il se propose. Merleau-Ponty insiste ainsi sur la notion de motricité (l'espace prend sens par rapport aux projets de notre corps) et d'habitude (de nouveaux schémas corporels peuvent être acquis plus ou moins durablement).