Les travaux de recherche spécifiques sur les pratiques culturelles des enfants et des adolescents sont relativement récents, puisqu’ils sont liés au développement du courant de la sociologie de l’enfance. Quel est actuellement le poids des influences familiales sur les pratiques réelles des enfants et des adolescents ? Peut-on toujours définir une culture « légitime » qui correspondrait à celle des classes favorisées et dont les classes populaires seraient exclues ? Quel est le rôle des médias et de l’industrie culturelle dans l’envie de pratiquer telle ou telle activité culturelle ?
L’école joue un rôle majeur d’ouverture et d’apprentissage culturels et elle est le lieu principal de rencontres entre les enfants et les adolescents, porteurs chacun de marqueurs culturels familiaux, amicaux, territoriaux, etc.
Les sociologues distinguent habituellement trois sens du mot culture : « la culture comme style de vie, la culture comme comportement déclaratif, la culture comme corpus d’œuvres valorisées » (Fleury, 2011, citant Passeron, 1991). L’arrivée massive des écrans dans notre société a profondément modifié les conditions d’accès à l’art et à la culture, en particulier avec des appareils mobiles regroupant plusieurs fonctions ou plusieurs pratiques séparées auparavant (musique, télévision, communication…), et mêlant culture, art, divertissement et relation à autrui quasi permanente (Mercklé & Octobre, 2012).
Pour Bourdieu, dans le cadre d’une théorie de la domination culturelle datant de 1979, les goûts, le plaisir esthétique et le choix dans les pratiques culturelles, voire les différentes manières de consommer, ne sont pas neutres et dépendent de l’origine sociale des individus. Il existe un rejet des goûts ou des pratiques des autres, dans un jeu de distinction entre classes sociales, le jugement de goût devenant un jugement de classe sociale. Mais ces jugements se font malgré les personnes, car ils sont intériorisés (par le phénomène d’habitus) et participent indirectement de la création d’inégalités sociales face à la culture, les classes sociales favorisées considérant comme légitimes et « naturelles » leurs pratiques et leurs types de consommation.
À la lumière de toutes ces théories et des effets à prendre en compte, comment aborder les pratiques des enfants à l’intérieur de leurs familles ? Glevarec (2010), par exemple, propose de regrouper la vie culturelle enfantine et adolescente autour de trois pôles : l’héritage culturel ; la culture jeune ; et enfin le développement de l’autonomie et des goûts personnels, pour les préadolescents et les adolescents, une sorte d’émancipation par rapport aux deux autres pôles d’influences culturelles des enfants.