Jusqu’à A. Smith (1723 –1790) inclus, l’éducation est davantage considérée par les économistes comme une consommation que comme une dépense d’investissement. Smith range l’éducation parmi les services, qui « n’ajoutent à la valeur de rien ». L’éducation relève plus de la gestion du social qu’elle ne constitue un facteur de production. Cette conception restera dominante chez les économistes, libéraux ou socialistes, du XIXe siècle, même si leurs intérêts les portent désormais vers celle des services.
Se pose aussi de plus en plus la question du financement de l’éducation et de la part que doit y prendre l’État, à mesure que s’organisent des systèmes éducatifs nationaux. Mais l’irruption de l’économie de l’éducation comme objet de recherche à part entière ne date que des années 1960, dans le contexte des Trente glorieuses qui voient une augmentation exponentielle des dépenses éducatives dans tous les pays, développés ou non.
Ses initiateurs sont américains (G. Becker, M. Blaug, T. Schultz), mais des émules apparaissent rapidement dans d’autres pays. Depuis la théorie du capital humain exposée par Schultz en 1961, la discipline s’est diversifiée, affinée et complexifiée pour deux grands types de raisons : les interrogations suscitées par les mutations qu’a connues l’éducation, qui affectent à la fois le rôle de l’État, l’organisation et le management de l’entreprise Éducation, le comportement des parents, les objectifs sociaux et professionnels visés ou atteints par l’instruction et la formation ; l’évolution des paradigmes propres de la recherche, et les interférences disciplinaires qui se nouent ou se dénouent, avec la sociologie notamment.
On peut noter que la contribution des historiens est faible, quelle que soit la période considérée. Car l’éducation a été considérée à la fois comme un investissement individuel et un service public à des périodes beaucoup plus anciennes.