Dans le dernier tiers du XXe siècle, les problématiques associées aux pratiques des jeunes lecteurs de littérature se sont transformées profondément sous les effets conjugués de la massification des enseignements, de l’évolution des pratiques culturelles, de la concurrence de nouveaux supports d’informations et de loisirs. Il en est résulté une prise de conscience progressive de la nécessité de faire évoluer l’offre de lecture en fonction des mutations en cours. C’est dans cette perspective que le recours à la littérature de jeunesse est apparu comme l’une des solutions à explorer ; ce qui s’est réalisé de manière différenciée à l’école et au collège.
À l’école primaire, longtemps la question de l’enseignement de la littérature ne s’est pas posée, la mission première étant d’apprendre à lire. Les textes à lire étaient souvent choisis en tant que supports des apprentissages techniques fondamentaux.
Les collections pour les moins de 5 ans ont pris une place toute nouvelle à partir des années 1980 ; celles pour les préadolescents et les adolescents se sont multipliées ; plus récemment, sont nées celles pour les 15-25 ans et les « young adults ». Avec les albums, une nouvelle littérature est entrée dans les classes maternelles et élémentaires lors de moments privilégiés de lecture à haute voix ou dans le coin bibliothèque qui a supplanté l’antique armoire bibliothèque. La création et la multiplication des bibliothèques centres documentaires (de 1975 à 2002), ainsi que la mise en œuvre des plans lecture, suite au Rapport Migeon, ont amplifié ce mouvement. En 1989, le recteur M. Migeon, enregistrant la réalité d’un échec scolaire massif, en a analysé les causes pour avancer 16 propositions (1989).
Enfin, avec les programmes officiels de 2002, une dernière étape a été franchie, la littérature est entrée dans les programmes de l’école élémentaire et la littérature dite de jeunesse a été pleinement légitimée.
La littérature remplit plusieurs rôles chez l'enfant et l'adolescent : elle leur sert à mieux connaître le monde qui les entoure tout en les aidant à construire des attitudes positives, comme l'estime de soi, la tolérance envers les autres, la curiosité envers la vie. La lecture peut être un moyen d'interpréter l'expérience humaine, de définir ce que l'on est et ce que l'on pourrait être, de considérer des possibilités nouvelles et d'envisager des voies inédites. La littérature peut servir non seulement à informer sur la vie, mais à transformer la vie.