Naissance des sciences de l’éducation
Plusieurs auteurs (Bain, Demoor et Jonskeere, Avanzini) ont longtemps appelé la pédagogie « la science de l’éducation ». Célérier, lui, opposait une « science positive de l’éducation » liée au réel à une « pédagogie » argumentant en faveur d’un idéal. Avant-guerre, on parlait de « pédagogie générale ». Buisson écrivait un Dictionnaire de pédagogie.
Plus tard, Gaston Mialaret et Maurice Debesse, fondateurs des sciences de l’éducation, présentaient un Traité des Sciences pédagogiques.
À la fin du XIXe siècle, les chaires occupées de « Science de l’éducation » (notamment Henri Marion puis Ferdinand Buisson et Durkheim à la Sorbonne ; G. Compayre à Toulouse ; Raymond Thamin à Lyon) reflètent cette emprise de la théorie pédagogique.
C’est l’influence de Maurice Debesse, officiant à la Sorbonne depuis 1957, qui fut décisive pour l’émergence des « Sciences de l’éducation », officiellement consacrées par l’Arrêté du 2 février 1967 créant une licence et une maîtrise de Sciences de l’éducation, destinées à qualifier de futurs chercheurs en pédagogie.
Avec le pluriel attribué à l’étude scientifique de l’éducation, la sociologie perdait son rôle privilégié et devait faire une place à toutes les recherches attachées au champ éducatif.
La classification établie dans le Traité des Sciences pédagogiques est la suivante :
- Les sciences qui s’intéressent soit à l’ensemble de l’éducation (institution, action, contenu, produit), soit aux différents partenaires (décideurs, gestionnaires, acteurs) : la philosophie de l’éducation, l’histoire de l’éducation, l’éducation comparée.
- Les sciences qui sont davantage en relation avec une des trois fonctions éducatives.
Guy Avanzini, lui, distingue trois groupes de disciplines :
- celles qui étudient le problème éducationnel diachroniquement ou synchroniquement : histoire de l’éducation, pédagogies comparées (géographie de l’éducation), économie de l’éducation... ;
- celles qui concernent le sujet de l’éducation : biologie, psychologie, sociologie et disciplines en interface ;
- celles qui alimentent la didactique : mathématiques, linguistique, technologie de l’éducation, etc.
Quoi qu’il en soit, la « pédagogie » reste un objet de connaissance privilégié pour les « sciences de l’éducation », comme en témoignent justement les ouvrages de G. Avanzini, ou encore celui de Gaston Mialaret.
Sciences de l’éducation d’aujourd’hui
Aujourd’hui, les sciences de l’éducation se portent bien. On comptait 21 départements préparant un second cycle de sciences de l’éducation au début des années 90, on en compte aujourd’hui 42. Les départements sont de taille inégale, avec les gros départements parisiens et quelques autres en province. Au total, on recense plus de 327 135 étudiants en Sciences de l’éducation. Les étudiants sont en général du niveau d’un DEUG, plus âgés que les autres dans les cursus (2/3 de plus de 25 ans), plutôt en reprise d’études et majoritairement salariés dans l’Éducation nationale, le travail social ou la formation permanente.