Les grandes mutations de la société française peuvent être schématisées en quelques grandes séquences.
- 1789-1880 : passage d’une société d’ordres à une société libérale, encore rurale et artisanale, marquée par la première révolution industrielle et la pluriactivité généralisée dans les classes populaires.
- 1880-1945 : avènement de la société salariale industrielle accompagnée d’une première montée des services, des premiers jalons d’une sécurité sociale encore à venir et de mutations décisives au sein des classes dirigeantes.
- 1945-1975 : apogée d’une société industrielle et tertiaire, agriculture productiviste n’employant plus qu’une faible fraction de la population active et construction du « modèle français » piloté par l’État-providence. Depuis 1975 : essor d’une société dite « postindustrielle », retour en force de l’insécurité sociale et d’inégalités spectaculaires.
Les inégalités demeurent très présentes dans la société française contemporaine.
Premier domaine étudié : l'école où, en dépit d'une démocratisation incontestable, les écarts demeurent considérables entre les groupes sociaux. Présentes dès l'école maternelle, les inégalités s'amplifient tout au long du cursus scolaire pour culminer dans les filières les plus sélectives. L'école récompense ceux qui appliquent les règles, et les diplômes jouent ensuite un rôle démesuré tout au long de la carrière, là où l'expérience professionnelle devrait prendre le dessus.
Deuxième domaine étudié : les inégalités entre hommes et femmes tout au long de la vie familiale et professionnelle. Les inégalités de salaires sont toujours bien présentes et on estime qu'elles n'ont pas évolué depuis les années 1990. Dans l'ensemble, les femmes sont ainsi rémunérées 27 % de moins que les hommes, tous temps de travail confondus, et ces inégalités se doublent d'inégalités de pouvoir : les femmes se heurtent toujours au « plafond de verre ».
Troisième domaine étudié : les inégalités de revenus. 30 % des ménages touchent moins de 1 600 euros mensuels nets, 50 % moins de 2 300 euros, 90 % moins de 4 700 euros. Par ailleurs, même s'il n'existe pas de mesure parfaitement objective de la pauvreté, on estime qu’il y a 7,9 millions de pauvres en France. Le niveau de vie moyen des 10 % les plus modestes a diminué de 13 euros entre 2008 et 2018. Cette apparente stabilité entre 2008 et 2018 masque plusieurs périodes : tout d’abord, la hausse des inégalités de revenus, entamée au cours des années 2000, se poursuit après la crise de 2008 et culmine en 2011. Entre 2011 et 2013, l’augmentation de l’imposition des plus aisés a réduit les inégalités. La situation s’est stabilisée entre 2013 et 2017, avant de connaitre une nette remontée en 2018.