Le savoir de l’école s’incarne dans les disciplines scolaires, principalement définies selon les contraintes propres de l’institution, selon des découpages dont les prémices ont été forgées pour l’enseignement des élites dès l’Antiquité. Les contenus de l’enseignement sont donc issus d’une longue histoire.

Par ailleurs, les institutions et la forme même de l’enseignement ont subi des variations fortes, liées aux évolutions sociales, politiques et économiques. À partir du XVIe siècle, on assiste à la grande « révolution scolaire ». Elle va s’appuyer sur une nouvelle définition des cursus scolaires et, surtout, sur la mise en place d’un lieu spécifique, le collège, où l’on surveille et enseigne la jeunesse des élites sociales. Les collèges de l’Ancien Régime ne furent pas les seuls instruments de la révolution scolaire, puisque, dans les villes notamment, deux autres types d’écoles furent progressivement mis en place : les « petites écoles » pour les pauvres, destinées au contrôle du peuple, mais aussi des écoles professionnelles municipales ou des académies scientifiques et techniques d’État. Ces différentes écoles ont progressivement adopté les principes de transmission et de contrôle comportemental des collèges : regroupement des élèves par classe, cursus successifs et examens de passage d’une classe à l’autre, motivation des élèves par l’instauration d’une hiérarchie et par un système de sanctions, corporelles ou autres.

C’est peu ou prou cette forme scolaire occidentale qui est aujourd’hui le modèle standard de toutes les écoles du monde contemporain. Cette révolution scolaire fut une transformation institutionnelle majeure. Elle a participé d’une mutation sociale, politique et économique radicale dans les trois derniers siècles.

Progressivement, puis de manière accélérée depuis une cinquantaine d’années, l’école est alors devenue un énorme système essentiel à l’équilibre social. En France aujourd’hui – et partout dans le monde développé –, tout individu doit passer en moyenne une bonne quinzaine d’années à l’école.

La scolarité possède un ensemble de caractéristiques communes qui s’organisent selon trois principaux axes : une conception de la connaissance humaine dérivée des savoirs rationnels, une culture et une organisation spécifiques conditionnées par la forme scolaire et une socialisation fondée sur l’intériorisation des normes sociales, de la compétition et de la sélection.