L’histoire sociale de la science moderne, particulièrement la façon dont elle a acquis sa légitimité sociale, analyse les relations entre science et société telles qu’elles émergèrent depuis Galilée.
Historiquement, l'activité de recherche est le fait de quelques hommes qui se trouvent privilégiés soit par leur fortune personnelle – les fondateurs de l'Accademia dei Lincei (1600-1630), par exemple –, soit par leur situation à la cour (Tycho Brahé, Galilée jusqu'à sa condamnation) ; il en est de même des membres de la Royal Society (1662). Au XVIIIe siècle, si le savoir sert alors le pouvoir, le problème de la diffusion du savoir ne se pose pas. La création d'une éducation scientifique, à l'époque de la Révolution française, a pour but de satisfaire les besoins industriels et militaires. Tout le système éducatif actuel est pénétré de cette idée que la formation scientifique est destinée à ceux-là seuls qui en auront l'usage dans leur métier.
L’institution sociale de la science est ainsi devenue l’une des plus puissantes des institutions. La connaissance définie comme bien commun, l’évaluation par les pairs, la prééminence des publications ouvertes, comme celle de la reconnaissance professionnelle et de l’autonomie scientifique ont constitué, depuis trois siècles, les traits distinctifs de la science.
Cette éthique de l’institution scientifique a fourni la base du contrat social qui s’est établi entre science et société depuis six décennies. Mais lorsque nous entrons dans la deuxième décennie du XXIe siècle, cette institution est en pleine transformation. Trois dynamiques sociétales expliquent ce changement : la mondialisation ; l’industrialisation et la post-industrialisation ; le changement climatique.
La science a rendu de grands services à l'humanité au cours du XXe siècle. Elle a permis de :
- satisfaire les besoins alimentaires,
- améliorer la santé et éradiquer des maladies,
- faciliter les tâches ardues et répétitives,
- révolutionner modes de transport, systèmes de communication et industries, même si les fruits de ces progrès n'ont pas été répartis assez équitablement dans le monde.