La catégorisation de la population en classes d’âge (jeunesse, âge adulte, vieillesse) est, depuis longtemps, remise en cause par les sciences sociales (Bourdieu Pierre, « La jeunesse n’est qu’un mot »).
Fortement chargées de sens, les notions d’âge et de génération restent encore assez vagues et leurs usages imprécis. À partir d’un travail de clarification, Gérard Mauger, Cécile Van de Velde, Karl Mannheim... abordent ces notions dans une perspective résolument sociologique, qui identifie, pour mieux s’en distinguer, les différents usages qu’en font les autres disciplines, notamment la biologie et la psychologie.
La première approche est celle des âges. En effet, leur succession permettrait de distinguer plusieurs temporalités au cours de la vie. Les âges agiraient comme des moyens de stratification dans la société, créant ainsi une succession linéaire de classes d’âge. Cependant, cette linéarité est souvent remise en cause en ce qu’elle prend mal en compte les bifurcations que peut connaître la vie d’un individu.
La seconde approche est celle des parcours : c’est désormais « le parcours individuel qui se veut signifiant », selon l’hypothèse « d’une érosion des âges et d’une disparition des temporalités fixes des existences ». Les recherches insistent sur l’idée que les seuils fixes et les grandes étapes collectives sont terminés, et que la singularité et la flexibilité des trajectoires de vie doivent être retenues. Plutôt que d’âges, on parle de temporalités, qui peuvent alors se superposer. Cette approche bien qu'utilisée en France, n’y est pas formalisée (alors qu'elle l'est aux États-Unis, mais aussi au Québec ou en Suisse).
La troisième et dernière approche est celle des générations, qui opère un changement d’échelle, de l’individuel au collectif. La notion de génération n'est pas récente en sociologie, mais elle a revêtu des sens très différents, à commencer par celle de « cohorte » : c'est-à-dire des individus de la même année, ayant des caractéristiques spécifiques et durables (ce qu’on nomme un « effet cohorte », par exemple dans le domaine des pratiques culturelles).
Que l’analyse se fasse au niveau de la situation économique, de la famille ou à celui des politiques publiques, les deux questions centrales des approches générationnelles sont celles des inégalités et de la solidarité entre les générations.