Corps, risques, santé et éducation, voilà ce qui nécessite une approche pluridisciplinaire. La diversité n’est pas tant un objet de recherche en sociologie qu’un ensemble de préoccupations relatives aux inégalités que ce terme permet de nommer et de fédérer.

Depuis une quarantaine d’années, l’institution familiale connaît d’importantes mutations bouleversant les représentations traditionnelles de la sexualité, du couple et de la parenté. Ces changements s’inscrivent dans une évolution des statuts juridiques des hommes, des femmes et des enfants. Ces nouveaux droits de l’enfant conduisent à repenser l’altérité de l’enfant. La prégnance de certaines conceptions de la famille biparentale conduit souvent à attribuer à l’enfant vivant hors de ces représentations traditionnelles, des caractéristiques psychologiques à valeur péjorative :  il est perçu comme un enfant « à risques », sans repères. Les recherches en psychologie sociale et du développement ont également montré que la réussite scolaire dépend également du sentiment de compétences et de l’estime de soi que l’élève porte à lui-même.

Le regard analytique porté sur le corps a connu une histoire particulière au fil des siècles passés. Objet d’étude qui a dû conquérir une certaine crédibilité dans le champ de la sociologie, la corporéité a effectivement payé les conséquences d’un héritage intellectuel pesant. Depuis les travaux des chercheurs classiques qui l’avaient désigné comme « phénomène présocial » (Detrez, 2002), le corps a gagné sa place de thématique de recherche par toute une génération de chercheurs, observateurs obligés de l’accroissement des enjeux corporels depuis les années 1960 dans de multiples domaines de la vie sociale (Memmi, Martin et Guillo, 2009).

Les multiples déterminants de santé dégagés par la recherche font l’objet d’une répartition en « trois grandes familles » : les déterminants socio-économiques ; les comportements de santé ; le système de soins et de prévention médicalisée. Considérés comme dépendants les uns des autres, « ils forment de véritables chaînes de causalité et s’accumulent […] au cours de la vie » (Lang, Ulrich, 2017). Corps social et ordre social sont des pistes heuristiques et empiriques pour donner, à penser et à voir « l’origine et les fondements des inégalités sociales de santé (ISS) » comme construites.