Le handicap est une notion complexe en construction. C’est aussi une construction sociale, dans le sens où ce domaine est traité différemment en fonction des époques, des lieux et des représentations sociales en vigueur dans la société.

Aborder la question du handicap au sens anthropologique du terme, c’est d’une certaine façon révéler l’ethnocentrisme qui réapparaît chez chacun de nous quand, placé dans une situation inattendue, l’attitude sera de « répudier purement et simplement les formes culturelles, morales, religieuses, sociales, esthétiques qui sont les plus éloignées de celles auxquelles nous nous identifions » Claude Lévi-Strauss, Race et histoire, Paris, Denoël, 1987.

Au XXIe siècle, la question du handicap soulève un ensemble de problématiques qui ne sont pas uniquement d’ordre théorique puisque leur non résolution entraîne des obstacles pour l’intégration des personnes handicapées. Mais l'histoire du concept de handicap permet de mettre en évidence de grandes avancées sociales en matière d’infirmité, notamment depuis deux cents ans (Cagnolo, 2006). L’infirmité est inhérente à l'humain et la généalogie permet de mettre en évidence des « logiques », c’est-à-dire des comportements collectifs divers, déterminés par l’univers mental de chaque époque, en lien soit avec des préceptes religieux, soit avec des volontés politiques, générateurs de comportements de masse.

Les logiques de type paternaliste et séparatiste se retrouvent au cours de l’histoire. La majorité des logiques sociétales liées au concept de handicap ne se trouvent qu’au XXe siècle. De ce point de vue, elles sont donc particulièrement innovantes, même si, dans les faits et dans les pratiques, on trouve encore des résidus de logiques anciennes (comme des pratiques d’exclusion ou bien d’assistanat).

L’extension de droits quelle que soit la cause ou la nature du handicap se situe donc toujours dans la perspective du principe de justice sociale, c'est le principe des idéaux des Lumières arrivant dans l’action du politique au lendemain de la Révolution française.

La caractéristique de la loi de 2005 consiste précisément à améliorer l’immersion sociale des personnes handicapées en normalisant leur parcours scolaire et professionnel tant que cela est possible en fonction de leur handicap. Cette normalisation ne peut que contribuer à leur intégration en leur donnant la possibilité d’être acteur de leur vie en participant à la productivité.