Bien qu’exposé aux influences internationales, le système scolaire français présente des caractéristiques qui sont celles qui ont présidé à la création de l’école républicaine et qui ont marqué les politiques éducatives. Héritière des Lumières, celle-ci se veut en effet libératrice de la société par la diffusion de connaissances fondées en raison et censées arracher le peuple aux superstitions qui font le lit de l’absolutisme. Chaque société produit son système d’éducation avec ses structures, son système de financement et ses règles administratives de fonctionnement.
Une politique publique comprend principalement un contenu et un processus. Une politique réunit une dimension cognitive (valeurs, expertise…) qui l’oriente, une dimension normative (imposée par une puissance publique) et une dimension organisationnelle (des ressources et un programme) en vue d’introduire le changement dans un espace public, en l’occurrence l’éducation.
L’évolution récente des politiques scolaires peut être présentée de façon synthétique en trois périodes à partir de la thèse de Bernard Charlot (1987) :
1. L’État éducateur (1880 à 1960) : en s’appropriant l’École à la fin du XIXe, l’État républicain ne lui attribue pas une fonction économique, mais une fonction idéologique : faire entrer la jeunesse dans la Raison et la Nation.
2. L’État développeur (de 1960 à 1980) : l’ordonnance de 1959 portant l’obligation scolaire à 16 ans introduit un autre rapport entre l’État et l’École marqué par l’économie. L’École est pensée comme une instance pourvoyeuse de « capital humain ». Il s’agit donc par l’École de former, de répartir et d’insérer au mieux la jeunesse en fonction des besoins économiques.
3. L’État régulateur (à partir de 1980) : l’uniformité du système, la centralisation et la standardisation, apparaît comme un pilotage inadapté aux problèmes posés à l’École. Dès lors, cette dernière évolue dans une autre direction que traduit la « modernisation » de l’École. L’implication du local, c’est un mouvement d’ensemble qui conduit à confier des pouvoirs aux établissements scolaires, comme plus globalement aux instances déconcentrées, et à associer les collectivités territoriales.
L’École a été pensée, depuis sa création, comme une institution, terme polysémique pris ici au sens d’organisation dotée « d’un programme institutionnel » (Dubet, 2001) visant à instituer la société. Elle est ainsi une organisation qui effectue un travail sur autrui (élèves), qui fait passer des valeurs et des principes dans des individus.