La question des inégalités entre filles et garçons, et entre femmes et hommes devant l’éducation reste essentielle pour qui veut comprendre et combattre les inégalités liées au sexe, et permettre aux êtres humains de se construire comme des personnes affranchies des limitations qui leur sont imposées par des stéréotypes sexués.

Pendant de nombreuses années, la mise en avant des valeurs d’une école laïque, publique et républicaine a fait obstacle à une vraie reconnaissance des inégalités concrètes dans le système scolaire. La mixité qui s’est progressivement généralisée à partir de 1960 n’a pas immédiatement signifié égalité. La recherche a beaucoup attendu avant de s’intéresser aux inégalités sexuées. Mais désormais, on essaie de comprendre comment et pourquoi les garçons et les filles sont traités différemment. Et de nombreuses recherches scientifiques revisitent l’éducation sous l’angle du genre.

L’égalité entre les femmes et les hommes reste un enjeu majeur pour notre société, et interpelle l’éducation et la formation. C’est dans les années 1970 que des anthropologues féministes américaines, réfléchissant aux rapports de pouvoir entre hommes et femmes, ont fait émerger la question du « genre ». Elles faisaient ainsi référence au rôle social des uns et des autres, par opposition au sexe biologique.

Fin du XIXe et début du XXe siècle, les pédagogues s’interrogeaient sur le bien-fondé ou non de la mixité à l’école. Le débat actuel porte plutôt sur la question : à qui profite la mixité, « aux filles, aux garçons aux deux sexes, ou à personne ? » (Chaponnière, 2006). Dès l’introduction de la « coéducation », on pense qu’avec une école mixte, les relations entre filles et garçons vont s’humaniser. La présence des filles et des garçons dans une classe est jugée susceptible de modifier les relations entre les sexes, et même d’abolir la domination des hommes sur les femmes.

Pour Thierry Terret (2004), les études sur le genre en France se sont historiquement concentrées sur trois points : le rapport entre les fondements sociaux et biologiques des catégories de genre, l’importance méthodologique du langage et des analyses discursives et enfin la conceptualisation du pouvoir. Ainsi, des études tentent de saisir comment les valeurs « masculines », parfois viriles, s’apprennent dans les écoles, dans les apprentissages scolaires, mais aussi dans la sociabilité entre pairs, au sein et hors de l’enceinte scolaire.