Le choix d’une définition de la santé oriente la nature des pratiques, influence les méthodes et les stratégies, ainsi que les publics visés et les acteurs impliqués. Ce peut être :

1. une absence de maladie, mesurée par la présence ou l’absence de certains indicateurs de maladie et de risque ;

2. un état biologique souhaitable, physique ou mental, évalué à l’aide d’indicateurs ;

3. un état de bien-être physique, mental et social, défini par l’Organisation Mondiale de la Santé (OMS) ;

4. une capacité individuelle à gérer sa vie et son environnement, à mobiliser ses ressources personnelles pour répondre aux nécessités de la vie.

Depuis le milieu du XIXe siècle, les sciences de la santé reposent sur une conception cartésienne du corps et dualiste des relations entre le corps et l’esprit. Cette approche dite biomédicale est fondée sur l’hypothèse qu’une cause étiologique spécifique et identifiable (comme une bactérie) sous-tend chaque mala­die, celle-ci s’exprimant à travers l’apparition de symptômes. Cette doctrine de l’étiologie a été renforcée par les découvertes des chercheurs Pasteur et Koch, qui ont démontré que des lésions biochimiques ou physiologiques pouvaient causer des maladies.

Certains postulats de cette conception biomédicale ont été remis en question au XXe siècle. Premièrement, la simple présence d’un facteur biologique spécifique ne suffit pas toujours à causer la maladie. Deuxièmement, il est établi que des maladies présentent des étiologies aux facteurs multiples et que l’apparition de symptômes fait s’entrecroiser plu­sieurs facteurs. Troisièmement, penser santé et mala­die comme des entités séparées est discutable. Ces deux notions apparaissent plutôt comme deux bornes d’un même continuum, où chaque individu peut être placé à un moment donné.

L’OMS, dans le premier article de sa Constitution (1946), définit la santé comme « … un état de complet bien-être physique, mental et social, et ne consiste pas seulement en une absence de maladie ou d’infirmité ».

Ce modèle pose les trois dimensions de la santé, partici­pant simultanément au maintien de la santé ou au développement de la maladie :

  1. physique (facteurs génétiques, pré et périnataux infectieux, immunitaires…) ;
  2. psychique (connaissances ; croyances et opinions en matière de santé ; facteurs de per­sonnalité…) ;
  3. sociale (niveau économique ; milieu et conditions de travail ; intégration ; facteurs ethnoculturels ; modèle éducatif…).

Aucune de ces trois catégories de déterminants de la santé n’est a priori considérée comme prépondérante.