Aebischer et Oberlé (1990) indiquent que la naissance de la psychologie sociale est à l’origine du paradoxe décrit à la fin du XIXe par Théodore Ribot, philosophe et psychologue : « L’homme seul est un être raisonnable. Cependant quand il est pris dans un engrenage social, il adopte des conduites inconsidérées, des comportements incontrôlés et régressifs ». Fin XIXe, début du XXe, on pense que l’homme, tout au long de son évolution, réussit à développer des fonctions mentales supérieures et qu’il est capable de résister aux réflexes inconscients et aux émotions. En revanche, dans certains cas particuliers, il peut immédiatement retrouver ses comportements primitifs du fait de la diminution des fonctions mentales supérieures.

Gustave Le Bon (1895) est considéré comme l’un des fondateurs de la psychologie sociale française. Dans son ouvrage La Psychologie des foules, il tente de répondre à cette question de la perte de contrôle des individus quand ils se retrouvent au sein d’un groupe. Ces individus se comportent comme des automates. Et ils ne reconnaissent plus leurs intérêts personnels, mais uniquement ceux du groupe. Ainsi, les meneurs ou les leaders entretiennent avec la foule une relation de fascination magnétique, charismatique.

Anzieu et Martin (1990) constituent une typologie des groupes subdivisée en 5 profils. En psychologie sociale, les groupes restreints ont fait l’objet de nombreuses recherches. Ce sont toutes ces dimensions qui doivent être prises en compte par l’enseignant face au groupe classe, car elles peuvent soit l’aider dans sa pratique professionnelle, soit au contraire constituer des freins importants. La psychologie sociale, lorsqu'elle examine de façon millimétrique les variations d'un contexte relationnel et ses effets sur les performances scolaires, sur l'ambiance dans la classe, sur l'exercice de l'autorité ou de la discipline, sur les relations entre garçons et filles, en revient toujours au même constat : « Les situations de classe peuvent donc bien être à la fois sources d'influences comportementales et régulatrices des performances et des comportements sociaux des élèves. Nous pouvons les considérer à bon droit comme de véritables leviers d'action pour favoriser la réussite de tous les élèves. » Marie-Christine Toczek et Delphine Martinot (dir.), Armand Colin, 2004.