L’expression d’un gène comprend l’ensemble des étapes permettant de produire un ARN ou une protéine fonctionnelle à l’origine d’un phénotype. 3 niveaux de contrôle sont possibles pour un gène :
- un contrôle transcriptionnel : des protéines régulatrices favorisent ou empêchent la fixation de l’ARN polymérase, ce qui permet ou non la transcription du gène ;
- un contrôle traductionnel : des protéines, des petits ARN ou la structure secondaire de l’ARNm empêchent la fixation des ribosomes et bloque la traduction ;
- un contrôle post-traductionnel : des molécules ou l’activité d’autres protéines activent ou inhibent l’activité de la protéine synthétisée, ce qui permet ou bloque son activité.
Chez les bactéries, de nombreux mécanismes contrôlent l’expression des gènes au niveau transcriptionnel. Chez les bactéries et les Archées, les gènes sont regroupés en unités fonctionnelles sous le contrôle d’un même promoteur : ce sont des opérons à l’origine d’ARNm polycistroniques. Ce contrôle permet rapidement d’activer ou d’inhiber tout un groupe de gènes impliqués dans une voie métabolique ou l’utilisation d’une ressource.
Les protéines régulatrices peuvent exercer un contrôle transcriptionnel qui peut être négatif ou positif.
L’opéron tryptophane (trp) par exemple code des protéines permettant la synthèse de tryptophane à partir d’un précurseur. En amont de l’opéron trp se trouve le gène trpR codant un répresseur de l’opéron trp. Ce dernier est sous une forme inactive qui n’a pas d’affinité pour l’ADN quand les concentrations cytosoliques en tryptophanes sont faibles. L’ARN polymérase peut se fixer sur le promoteur et induire la transcription de l’opéron, d’où une synthèse de tryptophane lorsque celui-ci n’est pas présent dans le milieu. En revanche, lorsque la concentration en tryptophane devient élevée car celui-ci est présent dans l’environnement de la bactérie, la fixation de tryptophane sur le répresseur trpR induit un changement de conformation permettant au répresseur de se fixer sur le site O (pour opérateur) du promoteur, empêchant la fixation de l’ARN polymérase et bloquant la transcription. Il n’y a donc pas synthèse des enzymes permettant la synthèse de tryptophane si celui-ci est présent dans le milieu. Il s’agit d’un exemple de contrôle négatif par gène répresseur.
Dans le cas de l’opéron lactose, le répresseur LacI, en amont de l’opéron, code un répresseur capable de se fixer sur le site lacO et empêcher la transcription de l’opéron en absence de lactose dans le milieu. En revanche, la présence de lactose (et sa conversion en allolactose) entraîne la formation d’un complexe LacI – allolactose qui n’a plus d’affinité pour l’ADN, ce qui permet la fixation de l’ARN polymérase et la transcription de l’opéron lactose, d’où une hydrolyse possible du lactose qui devient source de carbone pour la cellule bactérienne. Il s’agit d’un exemple de contrôle négatif d’un gène inductible.
Cependant, il n’y a pas transcription de l’opéron lactose si du glucose est présent dans le milieu en plus du lactose, ce qui montre que le glucose induit une inhibition de la transcription. Le glucose, lorsqu’il est disponible, est utilisé dans la voie d’Embden-Meyerhof à l’origine de la production de pyruvate à partir de phosphoénolpyruvate. Ce pyruvate inhibe l’adénylate cyclase et la synthèse d’$\rm AMP_C$. L’$\rm AMP_C$ se fixe notamment à un activateur transcriptionnel CAP qui permet le recrutement de l’ARN polymérase sur les opérons impliqués dans différentes voies métaboliques. Cette fixation de CAP sur l’opéron lactose n’est donc possible qu’en absence de glucose. Ainsi, l’opéron lactose est transcrit en présence de lactose et en absence de glucose. Ce phénomène est appelé la répression catabolique.