La notion de « variation » relève du champ de la sociolinguistique. La variation peut être temporelle : il est question alors de l’évolution des langues au cours de l’histoire (cf. cours 2). En synchronie, on parle de « variation » quand cohabitent deux usages linguistiques distincts chez les locuteurs. Cela signifie que chacun de nous ne parle pas de la même façon selon les circonstances. Il existe, à ce titre, deux formes de variation : interlinguistique (les locuteurs utilisent deux ou plusieurs langues) et intralinguistique (les locuteurs utilisent deux variantes d’une même langue).

La variation interlinguistique concerne notamment le cas des personnes bilingues (qui utilisent à part égale deux langues différentes) ou les cas de diglossie (la concurrence inégale et souvent conflictuelle entre deux langues, l’une officielle et l’autre vernaculaire, comme le français et l’occitan par exemple). Il convient de noter que toutes les sociétés connaissent des situations de diglossie, mais on réserve ce terme pour celles où l’opposition entre les deux langues est si nette qu’on les nomme différemment (katharevousa/demotiki en Grèce, français/créole en France).

La variation intralinguistique peut revêtir plusieurs formes. On parle fréquemment de « niveaux de langue » pour évoquer ce qui révèle une origine sociale ou régionale particulière : le niveau soutenu, « moyen », populaire et vulgaire. Mais cette notion n’est pas très objective car certains accents régionaux, par exemple, sont encore mal perçus. La notion de niveau souligne cependant que toute communication est sociologiquement déterminée, même si le locuteur peut toujours faire varier librement, par choix, son niveau de langue.

Une langue peut également être traversée par des langues spécialisées, savantes ou argotiques. Si les réalisations d’une même langue peuvent être multiples, il subsiste notamment, pour que la compréhension soit possible, une langue dite « commune ». Sans aucune nuance péjorative, ce terme désigne une sorte de dénominateur commun à tous les usagers après suppression des variations locales, régionales ou situationnelles. Il va de soi que cette langue n’est peut-être qu’une abstraction. Elle s’impose dans un pays au terme d’évolutions historiques complexes. Il s’agit souvent d’un dialecte qui a acquis une importance plus grande dans une communauté linguistique pour des raisons politiques ou socioculturelles.