Le figement est un phénomène central du langage humain : on estime en effet qu’environ 30 % d’un texte est constitué d’éléments figés. Le figement concerne des séquences de mots qui peuvent avoir une existence autonome, comme : porte-voix, porte-à-porte, se porter comme un charme. Les mots qui composent ce type d’expressions figées doivent être clairement identifiables.
Lorsqu’on parle d’« expression figée », on considère que le sens de cette expression ne résulte pas de la combinaison du sens de chacun des mots qui composent cette expression. Au plan sémantique, ce principe s’appelle la non-compositionnalité du sens. Par exemple, le sens de l’expression « être mi-figue mi-raisin » n’est pas la combinaison du sens du verbe être et des mots mi + figue + mi + raisin. Pour comprendre le sens de cette expression, il faut avoir appris que « être mi-figue mi-raisin » signifie avoir deux attitudes radicalement opposées.
En linguistique, l’étude des expressions figées s’appelle la phraséologie. Elle peut concerner toutes les structures syntaxiques :
- Nom + Verbe : les dés sont jetés.
- Verbe + Nom + Nom : appeler un chat un chat.
Le figement peut avoir pour origine : un événement historique (franchir le Rubicon), renvoyer à la mythologie (la pomme de la discorde), la religion (séparer le bon grain de l’ivraie) ou à une œuvre littéraire (on a souvent besoin d’un plus petit que soi).
Sur le plan morpho-syntaxique, il n’est pas possible d’insérer ou de substituer un élément de l’expression figée. Ce principe s’appelle la non-modifiabilité. Par exemple, l’expression un « fait divers » ne peut pas se transformer en un fait tout à fait divers.
Sur le plan lexical, il n’est pas possible de changer un des termes de l’expression pour un autre. Ce principe s’appelle la non-substituabilité paradigmatique. Par exemple, un fait divers ne peut pas se transformer en un événement divers.