La notion d’isotopie permet d’identifier les récurrences sémantiques au sein des textes. Une isotopie sémantique est « l’effet de récurrence d’un même sème ». Par exemple, dans l’énoncé « je mange du pain », mange et pain contiennent le même sème /aliment/. On considère donc que l’énoncé « je mange du pain » contient l’isotopie de l’aliment.
Dans un texte plus élaboré, on cherchera à identifier les isotopies pour comprendre les points communs sémantiques qui structurent l’ensemble des phrases.
Prenons l’exemple :
À 9h, je prends mon petit déjeuner chez moi. Vers 10h, en sortant de ma maison pour rejoindre le bus, je mange une barre de céréales. À cette heure-là, il y a beaucoup de circulation : beaucoup de voitures me doublent.
On distingue quatre isotopes :
- isotopie de la nourriture : petit-déjeuner, barre de céréales
- isotopie de l’habitation : chez moi, ma maison
- isotopie de temporalité : À 9h, Vers 10h
- isotopie du déplacement : sortant, rejoindre, le bus, circulation, voitures, doublent
Les isotopies sont repérées naturellement par le lecteur. Elles permettent d’assurer un tout intelligible et cohérent. Il arrive parfois que les écrivains jouent sur l’implicite, en superposant volontairement deux isotopies. C’est le cas du titre Le Rouge et le Noir de Stendhal. La première isotopie détectée est celle de la couleur, la seconde plus implicite, est celle de la carrière. Dans le contexte du roman, le rouge représente l’armée, et le noir l’Église, le protagoniste hésitant entre ces deux carrières possibles.