La sociolinguistique est une branche relativement récente de la linguistique. Elle se développe à la fois en France, au début du XXe, et aux États-Unis, dans les années 60. Elle est marquée par plusieurs grandes figures.

En France, l’apparition de la sociolinguistique est rattachée à Antoine Meillet, connu pour avoir critiqué la linguistique générale de Ferdinand de Saussure peu après sa publication en 1916. Ce dernier s’oppose effectivement au principe « d’immanence de la langue » proposé par Saussure. Pour Meillet, « en séparant le changement linguistique des conditions extérieures dont il dépend, Ferdinand de Saussure le prive de réalité. » Au contraire de Saussure, Meillet considère que la langue est « un fait social » qui s’étudie à travers « le changement social ».

L’autre figure majeure de la sociolinguistique française est Marcel Cohen. Il faut attendre 1956 et son ouvrage Pour une sociologie du langage pour que la sociolinguistique s’élabore clairement comme discipline en France. Sa recherche se concentre notamment sur les argots - dont il fait la première description de terrain et les premières études scientifiques - et le langage enfantin.

Aux États-Unis, c’est William Labov qui est la plupart du temps considéré, comme le fondateur de la sociolinguistique moderne grâce à son ouvrage The Social Stratification of English in New York City (La Stratification sociale de l'anglais à New York), publié en 1966. Pour ce travail, Labov identifie trois grands magasins représentatifs de trois classes sociales (supérieures, moyennes, inférieures).  Son hypothèse (confirmée par l’étude) est que, plus la classe sociale sera élevée, plus la production du /r/ rétroflexe se maintiendra. Inversement, plus la classe sociale sera basse, plus la production du /r/ rétroflexe s’effacera.

Cette première enquête est à la base de l'ensemble des études variationnistes. C’est notamment grâce à cette étude que la sociolinguistique s’est véritablement organisée comme discipline dans les années 60 aux États-Unis. Labov cherchait à recenser tout ce qui était susceptible de varier dans le discours en fonction de paramètres tels que la classe sociale, l’âge, le sexe, etc.