Le morphème est l’unité minimale de signification (dite également de première articulation). Cela signifie qu’on ne trouve pas de forme inférieure comprenant un contenu de signification. Par exemple, dans « nous marchons », « nous », « march- » et « ons » sont des morphèmes. Le contenu de sens peut être purement grammatical (première personne du pluriel). On identifie les morphèmes exactement de la même manière que les phonèmes, par segmentation et commutation. Autrement dit, pour identifier « ons », par exemple dans « marchons », on le remplace par « ez » (« marchez »).
Il existe des morphèmes lexicaux et des morphèmes grammaticaux. Dans « lavage » par exemple, on compte un morphème lexical (« lav-» ) et un morphème grammatical (« age »). Les premiers constituent une classe ouverte (en droit infinie), alors que les seconds constituent une classe fermée (pronoms, déterminants, prépositions, conjonctions, préfixes, suffixes). Un même morphème peut apparaître sous des formes différentes : on les appelle des « allomorphes » (par exemple, « v », « all » et « ir- » sont trois allomorphes du radical du verbe aller.
La morphologie est l’étude analytique des mots : elle vise la décomposition des mots en morphèmes. Les mots qui comportent plusieurs morphèmes sont dits « construits ». « Illisible » est formé de trois morphèmes : « il », « lis » et « ible ». On distingue trois principaux modes de formation des mots : la formation par dérivation, par composition ou par variation flexionnelle. La dérivation est l’adjonction d’un affixe (préfixe ou suffixe) à un morphème-base. « a-moral » est, par exemple, un dérivé par préfixation de « moral » ; « gentiment » est dérivé par suffixation de « gentil ». « Dévitaliser » est un dérivé parasynthétique (avec préfixe « dé » et suffixe « iser »).
On appelle « dérivation impropre » un mode de dérivation par changement de classe grammaticale (un adjectif devient un nom : « le vrai »). La composition permet de former une unité lexicale par association de deux morphèmes existant à l’état libre (« pomme de terre »). On reconnaît un mot composé au fait qu’on ne peut pas insérer un élément nouveau entre les mots qui le composent. La formation par variation flexionnelle est l’adjonction d’une désinence (d’un morphème grammatical) à un morphème-base (il oubli+e). On parle de flexion et pas de suffixation car la désinence fait partie d’un paradigme grammatical (une conjugaison par exemple).