La relation de la langue à l’Histoire est double : celle-ci fait partie de l’Histoire et elle a elle-même une histoire.
En tant qu’institution, la langue fait partie de l’histoire, notamment politique. C’est une institution au sens où elle résulte de décisions politiques et où elle fait partie des structures politiques et sociales qui régissent l’État. Le français a été institué en 842 par les Serments de Strasbourg. La France a fait le choix de l’unité linguistique : la langue nationale s’est imposée contre le latin (par l’Édit de Villers-Cotterêts en 1539) et contre les usages dialectaux (à partir de la Révolution et sous la IIIe République). Certains États tentent de maintenir et de réguler le plurilinguisme : le Canada, la Belgique par exemple. L’intervention de l’État en matière linguistique est souvent critiquée en France comme en témoignent la Loi sur la tolérance orthographique (1976), les Rectifications orthographiques (1990) ou le débat autour de l’écriture inclusive (2021).
L’histoire interne des langues est étudiée par la grammaire historique et comparée, discipline qui se développe à partir de la fin du XVIIe siècle et connaît son apogée au XIXe siècle. Elle est née à la faveur de la redécouverte du passé des peuples, de l’évolutionnisme biologique, de la découverte du rôle majeur du sanscrit dans l’histoire des langues occidentales. La grammaire historique et comparée a tenté d’établir des parentés entre les langues en reliant les unités minimales de plusieurs langues différentes (méthode dite des correspondances régulières). Elle a cherché à établir des lois d’évolution et un classement génétique des langues.
Ainsi est-on parvenu à postuler l’existence de huit familles : l’indo-européenne (dont fait partie le français avec les autres langues romanes), la chamito-sémitique, l’ouralienne, la caucasique, l’altaïque, la sino-austrienne, la dravidienne et la nigéro-congolaise. L’existence d’une langue originelle, commune à toutes ces familles, est aujourd’hui encore débattue. Postérieure à la grammaire historique et comparée, la phonologie a remis en cause ses postulats méthodologiques pour imposer un point de vue systémique (cf. Jakobson et la phonologie).