L’une des différences fondamentales entre la linguistique et la sociolinguistique repose sur la définition de la langue. En sociolinguistique, l’étude ne peut être ni la « langue » (au sens saussurien), c’est-à-dire comme systèmes de signes, ni la « compétence » (au sens chomskyen), décrite comme système de règles.

Pour Saussure, la langue est le résultat d'une convention sociale transmise par la société à l'individu et sur laquelle ce dernier n'a qu'un rôle accessoire. À l’inverse, il considère que la parole est l'utilisation personnelle de la langue.

Il distingue ainsi la linguistique « interne » (traite des aspects phoniques, morphologiques, syntaxiques ou encore sémantiques du langage) et la linguistique « externe » (traite les aspects sociologiques).

Pour Chomsky, la langue se divise selon deux modalités :

  • 
la compétence (la capacité langagière, la connaissance de la langue que possède chaque locuteur normal) ;
  • la performance (l’acte de parole, la façon dont la langue est utilisée par l'individu).

Pour les sociolinguistes comme Meillet, Cohen ou Labov, la langue est tout simplement une pratique. Ce qui les intéresse, c’est la façon dont elle est parlée : il n'est possible de comprendre les faits de langue qu'en faisant référence aux faits sociaux.

Dès lors, le concept de langue, contrairement à la linguistique interne - qui considère que seuls des systèmes linguistiques tendanciellement homogènes ont un statut de langue - renvoie donc pour les sociolinguistes à une production :

  • Sociale : une langue existe car les locuteurs ont intériorisé son existence par des pratiques linguistiques. Ainsi, deux systèmes linguistiques identiques peuvent être des langues différentes si leurs locuteurs respectifs les produisent ainsi.
  • Éclectique : l’usage de langue varie en fonction du contexte géographique et social. Il peut aussi varier en fonction du genre, des interactions sociales, etc.
  • Composée : par et pour un système d’interactions entre des locuteurs. Ce système se déploie sur et dans un espace restreint, un espace que les locuteurs envisagent comme un espace linguistique légitime.