« Collocation » vient du latin collocare, qui signifie : « placer ensemble ».
Une collocation est une cooccurrence privilégiée, c’est-à-dire une association fréquente de deux mots. Ce rapprochement bien que non figé, n’est pas hasardeux. Sa fréquence doit ou peut être plus élevée que celle de chacun de ses éléments pris séparément. Ces unités lexicales qui forment une collocation s’appellent les collocats. Voici quelques exemples : « voix suave », « courir vite », « entraîner des conséquences ».
En linguistique, il existe deux courants analytiques de la collocation. La première est quantitative (aussi appelée statistique). Elle caractérise la fréquence de rapprochement de deux unités lexicales dans un corpus donné. La seconde est qualitative (aussi appelée sémantique). Elle analyse la combinaison d’unités lexicales exprimant une idée précise.
La collocation est particulièrement intéressante en linguistique de corpus car elle révèle une relation potentielle entre des mots, indépendamment du locuteur : elle met l’accent sur le contexte, comme le proposait Firth. Effectivement, cette notion était centrale dans son travail, notamment dans son texte « Modes of Meaning » sorti en 1951.
La collocation permet une approche formelle et contextuelle du sens qui s’oppose à une approche conceptuelle. C’est pourquoi on la retrouve également dans les approches « corpus-driven » comme celles de Sinclair. Pour prendre un exemple, l’un des sens de nuit est le fait qu’il entre en collocation avec noire : « nuit noire ». Comprendre si la collocation est normale ou inhabituelle en fonction de la situation est une compétence du locuteur natif.
On différencie la collocation de l’expression figée (ou locution figée). Dans cette dernière, on ne peut remplacer un des mots : ex : avoir le cœur gros, être plié en quatre.
La collocation est composée de deux éléments : la « base » et le « collocatif ». La première caractérise un mot exprimant un concept. Il est choisi librement par le locuteur. Le collocatif en revanche, est contraint, il exprime un sens particulier. Certains chercheurs déclarent ainsi que la collocation est une association « semi-contrainte ».
Dans « nuit noire » la base « nuit » est utilisée dans son sens commun. C’est le collocatif « noire » qui combiné avec « nuit » procure un sens particulier.