Jean Psichari utilise en premier le terme de « diglossie », le définissant comme « une situation linguistique où deux systèmes linguistiques coexistent sur un territoire donné pour des raisons historiques et du statut sociopolitique inférieur. ».

La diglossie est souvent considérée comme conflictuelle car elle repose sur le fait qu’une langue va dominer l’autre, pour des raisons de prestige ou d’usage.

Pour Fergusson, elle n’est pas nécessairement conflictuelle car elle peut remplir une fonction communicative complémentaire. Il distingue la variété « haute » prestigieuse, valorisée, utilisée à l’écrit, de la variété « basse », celle de communications ordinaires, de la vie quotidienne, et des échanges familiaux. La variété basse comporte moins de catégories obligatoires marquées par des morphèmes ou des règles d'accord.

Attention, bilinguisme et diglossie ne sont pas des notions qui s’opposent :

  • Il peut y avoir diglossie et bilinguisme (utilisation de deux langues selon les besoins).
  • Il peut y avoir bilinguisme sans diglossie (apprentissage d’une deuxième langue alors que le développement de la première langue est déjà amorcé).
  • Il peut y avoir diglossie sans bilinguisme (la diglossie est plus fréquente dans les pays africains ou on est face à deux variétés de la même langue).
  • Ni diglossie, ni bilinguisme : on parle ici des petites communautés restées isolées.

Il ne faut pas confondre la diglossie, définit par Fishman, comme « une attribution sociale de certaines fonctions à diverses langues ou variétés », et le bilinguisme « l’habilité linguistique individuelle. » ( M.L. Moreau, 1997).  La diglossie relèverait donc de la sociolinguistique, tandis que le bilinguisme relèverait de la psycholinguistique.

Fergusson relève six critères sociolinguistiques d’une situation diglossique :

  • Les domaines d’emploi : dans certains cas, on utilise une variété haute, dans d’autres, une variété basse ;
  • Le prestige : avec la variété haute, on peut exprimer des pensées plus complexes, des raisonnements ;
  • L’héritage littéraire : la littérature la plus estimée est celle rédigée en variation haute ;
  • L’acquisition : la variété « basse » est acquise plus ou moins spontanément durant l’enfance, c’est pourquoi on la qualifie « d’informelle », alors que la variété « haute » est apprise plus tardivement, à l’école ;
  • La standardisation : il existe des normes, prescrites (phonologie, lexique, syntaxe, style) ;
  • La stabilité : ce sont les évolutions possibles d’une langue en fonction de pressions socio-économiques ou socioculturelles.