La variation linguistique est une notion fondamentale de la sociolinguistique. Labov, fondateur de la linguistique variationniste, l’évoque dans son ouvrage Les Fondements empiriques d’une théorie du changement linguistique. Il considère la langue comme un « système hétérogène », c’est-à-dire « variable » en fonction des usages et d’un contexte socioculturel déterminé. Cette théorie linguistique refuse le postulat des structuralistes qui prône l’unicité du système linguistique et son homogénéité.
On parle de variation linguistique lorsqu’un changement ou une modification de la langue s’opère. Ce concept désigne ainsi les différences observables entre plusieurs pratiques linguistiques par rapport à une langue dite « standard ». Le concept de « variation » ne peut donc être dissocié de celui de « norme ».
- La variation linguistique révèle le caractère multiple d'une langue et la possibilité qu'elle a de dire la même chose de différentes manières, sous l'influence de divers facteurs, principalement sociaux. La linguistique variationniste explique la variation selon deux facteurs :
- les facteurs internes à la langue (directement liés à celle-ci) ;
- les facteurs externes à la langue (directement liés aux locuteurs).
De manière générale, la variation se manifeste à tous les niveaux du système linguistique :
- Phonique :
- Le coup de glotte en anglais ;
- Les allophones de la voyelle nasale dans les lexèmes français d'Europe « un » et « fin » ;
- Morphosyntaxique :
- La double négation en anglais ( « I don't understand nothing ») ;
- L'omission du « ne » lors de la négation en français (« j’aime pas ») ;
- L’inversion du sujet et du verbe en québécois (« Vient-il au cinéma avec nous ce soir ? » ;
- Lexicale :
- L’utilisation de formes lexicales locales dans le français suisse (« galetas » pour « grenier », etc.) ;
- Un locuteur québécois parlera généralement de sa « blonde », tandis qu'un locuteur français parlera de sa « copine » ou de sa « petite amie » ;
- Le jargon (façon de s’exprimer propre à une profession) et le verlan (forme de parler caché que l’on trouve particulièrement chez les jeunes) sont des exemples de variations lexicales.