Il y a tout d’abord l’archivistique. Venant à la suite du classement par index de fiches et répertoires papier, la base de données relationnelle permet de faire évoluer en profondeur le travail des institutions d’archives ainsi que les travaux des chercheurs amenés à les consulter. Touchant à l’organisation, la « rétronumérisation » des documents provoque elle aussi d’importants changements dans les pratiques. Pour les archives, la grande problématique induite par le numérique, en particulier dans les administrations publiques dont elles sont la mémoire, est celle des procédures et des infrastructures de sélection et d’archivage des documents numériques « natifs », dont la croissance est exponentielle.

Ensuite, les bibliothèques sont concernées. La numérisation progressive de la documentation que les bibliothèques conservent change largement leur manière de fonctionner, mais aussi leur objet et même leur intérêt. Cela a conduit à insister sur le concept de learning centers et sur la mise en place de stratégies favorables à l’open access. La Bibliothèque nationale de France, par exemple, a fait évoluer le dépôt légal classique en « dépôt légal numérique » : elle aspire et archive une partie du web, à l’aide de robots, pour permettre des études historiques du web par les historiens du futur.

La documentation est donc liée à des modalités toutes neuves. La démultiplication des données numériques renouvelle en profondeur le travail des centres de documentation. Alors qu’ils ressemblaient auparavant à des bibliothèques, ils se transforment en centres de données numériques gérant la plupart du temps des dispositifs de traitement de l'information scientifique et technique (IST). L’IST est au cœur des enjeux concernant la gestion, l’accès, l’archivage des données de la recherche en particulier en sciences humaines et sociales.

L’édition, quant à elle, doit se tourner vers l’édition numérique. Alors que le numérique a tout d’abord permis la publication assistée par ordinateur (PAO), dès les années 1980, il faut aujourd’hui se tourner vers la diffusion sur le web. L’édition électronique ou numérique concerne notamment les domaines suivants :

  • diffusion élargie des contenus, ce qui a été appelé le « canon à idées » ;
  • diffusion en accès ouvert ;
  • développement de formes et d’outils collaboratifs d’écriture, telles que le Wikiroman ou encore des outils comme Zoho docs et Framapad ;
  • développement de formes de communication scientifique directe (archives ouvertes, carnets de recherches).

L’édition numérique est un nouveau domaine qui concerne tant l’édition de livres et d’articles que l’édition critique. Les humanités numériques sont, depuis toujours, largement concernées par l’édition critique.