En France, des années 1950 jusqu’aux années 1960-1970, les politiques publiques étaient généralement étudiées comme des interventions ne pouvant émaner que de l’État. Ce dernier était alors perçu comme incontournable, que ce soit en tant qu’État-gendarme ou en tant qu’État-providence. L’étude des politiques publiques était alors focalisée sur l’analyse stratégique et la rationalité de l’action publique, en fonction d’approches qualifiées de volontaristes ou de décisionnistes. Les politiques publiques étaient souvent associées à la métaphore du « tireur » : leur « bonne » réalisation dépendait de la capacité du décideur public en tant que « tireur » à atteindre un objectif « cible » par la mobilisation des ressources étatiques.
L’étude du rapport entre l’État et les politiques publiques resta central dans les travaux universitaires français jusqu’à la fin des années 1980, au travers de l’analyse des processus de planification ou des idées en actions. Cependant, ces outils d’analyse des politiques publiques, qui tiennent pour acquis l’existence d’un cadre étatique national, furent peu à peu remis en question par la perte de centralité de l’État dans les sociétés contemporaines depuis les années 1980 (perte de capacité de l’État à diriger l’économie, fragmentation des sociétés nationales et structuration d’espaces politiques supra-nationaux). Ce sont les premières remises en question de l’approche décisionniste de l’étude des politiques publiques :
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les approches classiques idéaliseraient une conception « logique et rationnelle » des politiques publiques ;
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elles négligeraient l’étape de réalisation des actions publiques ;
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elles se focaliseraient sur des décideurs publics, alors que les phénomènes étudiés sont en réalité des constructions collectives ;
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elles seraient obnubilées par le rôle de l’État, au point de ne pas accorder une attention suffisante aux intervenants extérieurs des actions collectives.
Dans cette optique, les politiques publiques furent de plus en plus analysées en fonction de cadres scientifiques inspirés de la sociologie politique, plus précisément de la sociologie des organisations, de la sociologie historique de l’État et des policy analysis Nord-Américaines.