Le développement de l'abstention dans les sociétés démocratiques a amené la sociologie du vote à s’interroger sur les raisons de la participation au vote. Il a notamment été remarqué un phénomène d'auto-exclusion de certains électeurs potentiels. Cette auto-exclusion est liée à l’impression d'une compétence politique trop limitée, cela en lien avec le capital culturel (dont la forme la plus objectivée est le diplôme). Les femmes s'abstiennent ainsi plus dans la France des années 1960 que les hommes, les travailleurs précaires que les employés stables. La spécialisation et la complexification croissante des affaires de la cité, et le degré d'intensité du travail de mobilisation des électeurs lors des campagnes (couverture des médias, argent dépensé, nombre de meetings, etc.) ont une influence désincitatrice sur les classes populaires.
Il a également été montré combien les sondages impactent plus la probabilité d'aller voter que le vote en lui-même. La théorie de l'électeur-stratège se heurte aux disparités de compétence politique.
Il existe différentes formes d’abstention. Tout d’abord, la volatilité (la décision de voter à une élection, de ne pas voter à une autre...) serait ainsi un signe de vitalité démocratique. Ensuite, il existe une forme d'abstention engagée qui ne traduit pas une distance vis-à-vis du monde politique, ni même un rapport désenchanté au vote, mais une véritable décision politique. Quant à l'abstention non engagée, elle est souvent liée à un manque de compétence ou à un sentiment de manque de compétence politique. L'abstention intermittente, c'est-à-dire une abstention et participation irrégulières, est la plus courante.