On a soutenu la thèse dite du « nouvel électeur » en matière de sociologie électorale américaine dans les années 1970. Selon les sociologues, un nombre croissant d'électeurs, ayant atteint un niveau de vie élevé, prennent leurs distances avec les partis politiques et préfèrent voter sur les sujets qui leur semblent importants. Ces électeurs auraient une compétence politique supérieure à la moyenne.
Cette vision d'un électeur d'un genre nouveau a été reprise en France dans les années 1980. Des enquêtes ont montré que des électeurs prennent leur décision de vote en fonction des enjeux d'une élection et non en se positionnant d'une manière partisane. On oppose ainsi les « issue voters » et les « party voters ». Le recul du vote partisan serait lié aux déceptions et frustrations engendrées par les partis politiques depuis les années 1980. Cela engendre une large volatilité électorale.
Les chercheurs en sociologie électorale ont, par ailleurs, insisté sur la théorie du public choice et sur l'électeur rationnel. La théorie du choix public envisage le monde politique tel un marché, avec une offre et une demande, au sein duquel les électeurs choisissent rationnellement leurs dirigeants. L'électeur est calculateur, il vote en fonction de l’utilité du résultat auquel il aspire. En outre, les électeurs apprécient un candidat en fonction de ce qu'il a fait davantage que selon ce qu'il promet de faire. Et les électeurs se décident avant tout à partir de deux données : le taux d'inflation et le taux de chômage. Il a notamment été montré que le taux du vote pour le Front national en France est corrélé au taux de chômage, à la peur de l'immigration, au taux de criminalité et à la popularité du Président et de l'opposition.
Quant à la théorie de l'électeur stratège, elle voit également dans l'individu-électeur un calculateur. Mais elle montre de façon plus fine combien les comportements stratégiques varient en fonction du cadre électoral (la nature de l'élection, le mode de scrutin, les candidats, etc.). Il a notamment été montré que le vote stratégique (couramment appelé vote utile) est limité à une faible proportion du corps électoral, tandis que le « vote stratégique inversé », qui consiste à abandonner son candidat préféré au premier tour au profit d'un plus petit candidat, peut concerner 10 % du corps électoral.