En 1913, le politologue André Siegfried, dans son ouvrage Tableau politique de la France de l'Ouest sous la Troisième République, a créé la sociologie électorale en France. Son courant, dit « écologique », a dominé les facultés de science politique jusque dans les années 1930. Sa démarche était comparativiste et géographique. Elle était aussi durkheimienne, voyant dans le vote un fait social et non une logique individuelle. Pour Siegfried, les départements calcaires votent à gauche, et les départements granitiques à droite. Il explique que le calcaire est une roche poreuse, qui rend les étendues rares. Les habitats sont donc concentrés, ce qui favorise les sociabilités communautaires, et induit une faible influence du clergé. Cela conduirait à voter à gauche. À l’inverse, le granite est une roche perméable qui permet l'existence d'une multitude de puits d'eau, conduisant à la création d'habitats dispersés, une faible densité de population, qui donc se retrouve à la messe pour voter. Ce catholicisme pratiquant inciterait à voter à droite.

Les approches géographiques ont fait leur retour en sociologie politique, notamment française, dans les années 1990. Différents travaux ont tâché de démontrer l’importance du rôle de la famille, cellule de base de la mobilisation électorale, dans le vote. En 2007, la politologue américaine Claudine Gay s’est penchée sur une politique publique bostonienne visant à reloger 4 000 familles pauvres, souvent afro-américaines et monoparentales. Un tiers des habitants a été relogé dans des quartiers socialement mixtes, un tiers dans des quartiers moins dégradés, un tiers dans des quartiers similaires. Son étude montre que le taux de participation est identique pour les familles déplacées dans les quartiers moins dégradés ou similaires, mais que le taux de participation a baissé de 18% pour les familles logées dans des quartiers socialement mixtes. Les deux tiers des familles étudiées qui ont été relogées dans les quartiers les plus beaux ou les plus mixtes déclarent ne pas s'être faits d'amis dans le quartier, et 40% de ne pas avoir parlé à leur voisin. L’auteure conclut que « l'anomie sociale vécue par les plus pauvres dans les quartiers les plus favorisés gêne l’activation des incitations positives au vote ».