Pour qu’un État soit reconnu, aux yeux du droit international (qui est l’angle le plus pertinent car les États sont les acteurs des relations internationales), quatre éléments constitutifs doivent être observés :
- l’existence d’un territoire délimité et déterminé ;
- l’existence d’une population résidante sur ce territoire ;
- l’existence d’une forme de gouvernement de cette population ;
- la capacité à entrer en relation avec les autres États.
Le territoire délimité et déterminé est une condition indispensable pour que l’autorité politique s’exerce efficacement. L’assise territoriale suppose une délimitation précise, donc des frontières précisément tracées. L’article 2 alinéa 4 de la Charte des Nations unies insiste sur le respect par les États-tiers et par les gouvernants de l’intégrité de tout territoire national et de ses frontières. Celles-ci peuvent être naturelles ou artificielles. Les frontières naturelles sont par exemple un segment de fleuve, de rivière ou d’une montagne. Les frontières artificielles sont déterminées par un traité qui en fixe les limites. En règle générale, la délimitation des frontières est négociée dans le cadre d’une commission mixte rassemblant toutes les parties en cause. Le territoire a une fonction essentielle : il permet de fixer une population, d’engendrer une nation par l’appartenance commune au même territoire et de définir le cadre des compétences de l’État.
La population d’un État est une collectivité humaine, un ensemble d’individus qui possèdent la même nationalité et les mêmes droits et devoirs. Tous les individus présents sur le territoire sont soumis au même ordre juridique, lequel traduit la souveraineté de l’État qui est en quelque sorte un « droit au droit » (tandis que la puissance de l’État est « l’état de l’État »). Afin qu’un État fonctionne et perdure, la population doit faire preuve d’unité, de solidarité et d’un sentiment d’appartenance commune. Des caractéristiques communes comme la langue, l’ethnie, l’histoire, par exemple, sont utiles afin de favoriser l’unité nationale. Il existe cependant beaucoup d’États qui sont fondés sur une diversité plus ou moins contrastée de populations : pluralité de langues, d'ethnies, de religions, d’économies. Dans ces cas, l’État sert à maintenir la cohésion nationale. La nation est donc différente de la population en ce qu’elle se définit indépendamment de l’État, tandis que la population est toujours celle d’un État donné. Et cette population peut aller plus ou moins de pair avec une nation.
La force de gouvernement signifie qu’un État doit impérativement reposer sur une organisation politique effective. Cette organisation profite de la puissance publique, de la capacité de commander et de se faire obéir. Tout gouvernement doit être légitime pour susciter l’obéissance. Mais cette légitimité peut trouver différentes origines : la démocratie, mais aussi l’héritage historique, la religion ou le charisme d’un chef. En pratique, la notion de gouvernement renvoie à deux choses : les pouvoirs exécutif, législatif et judiciaire, d’une part, et le Premier ministre et l’ensemble des ministres plus restrictivement, donc le seul pouvoir exécutif, d’autre part.