Les hommes n’ont pas attendu, bien sûr, le 20e siècle pour s’interroger et se poser les grandes questions, notamment concernant l’humain, la vie en société, la condition humaine plus largement, c’est-à-dire les problèmes de la vie en société, et ce sont, d’abord les philosophes qui s’y sont mis et appliqués… Ils ont, en effet, étudié la société sous l’angle « philosophique » cherchant à définir non ce qu’est, véritablement, une société, mais ce qu’elle devrait être en fonction de croyances métaphysiques ou religieuses sur la nature de l’homme, le but de sa vie, etc.
On a cherché les normes, certes, les règles de fonctionnement d’une « bonne société », mais selon des définitions a priori du bien et du mal, du juste et de l’injuste… au lieu de chercher, comme le sociologue moderne, uniquement, ce que sont les phénomènes, les événements et les hommes. Il y a donc bien un premier courant philosophique, qui a présidé à la naissance de la science des sociétés ; mais, la sociologie véritable n’apparaît qu’avec un deuxième courant, le courant scientifique qui a, peu à peu, dégagé la réflexion sociologique de la préoccupation philosophique et normative pour adopter une attitude positive en face des faits sociaux (observations et explications).
Ce courant scientifique ne s’est implanté définitivement qu’au cours du 19e siècle. C’est la raison pour laquelle on parle habituellement, jusqu’au 19e siècle, de « philosophie politique », et ensuite de science sociale ou de « sociologie ». Nous verrons, cependant, que certains de ces philosophes ont fait véritablement œuvre scientifique appliquant une méthode positive, même si leurs préoccupations demeuraient normatives ! Ces cours (questions et réponses) seront l’occasion, ainsi, d’évoquer, notamment, Aristote mais aussi Ibn Khaldoun…