La sociologie de la santé est apparue plus récemment que la sociologie de la médecine. Les sociologues ont en effet été d’abord attirés par l'institution hospitalière. Puis, ils ont peu à peu élargi leur champ d’observation pour construire une sociologie plus générale et plus générique, celle de la santé. Cette sociologie de la santé est ainsi apparue, en France, durant les années 1970. Elle a progressivement remplacé la sociologie de la médecine, dont l’objet était trop étroit, durant les années 1990.
Le contenu de la sociologie de la santé est multidimensionnel car l’approche sociologique connaît divers paradigmes et diverses méthodes. En examinant la santé ou la maladie, elle adopte également des points de vue variés, mais généralement complémentaires et donc riches d’enseignements. Concrètement, la sociologie se consacre à la médecine, aux soins, aux pratiques de soins, mais aussi aux malades, aux professionnels de la santé, aux entreprises de production de soins, etc. Quel que soit l’objet, les sociologues étudient et interprètent les particularités et les enjeux des rapports entre les individus et la société, cela à l’échelle spécifique du secteur sanitaire.
La sociologie appliquée à la santé est récente, même si Émile Durkheim, à l’occasion de ses recherches sur le suicide, avait déjà tâché de produire une problématique sanitaire. Le domaine de la santé est en outre envisagé en tant que problématique particulière avec le déploiement des régimes de sécurité sociale. La Sécurité Sociale est alors considérée comme une source d’institutionnalisation originale, méritant d’être étudiée de près par les sociologues. En effet, ces modalités de protection sociale font entrer la santé, et toutes ses contingences, dans le domaine public. Par ailleurs, des sujets tels que la maladie, en particulier la maladie chronique, la déviance et les solutions thérapeutiques attestent du caractère social des problématiques de santé. La santé est donc consacrée en tant que phénomène social aux dimensions diverses et variées. La santé est un fait social et il est heureux que les sociologues s’y consacrent.
Dans l’histoire de la sociologie de la santé, un domaine particulier de la médecine et des soins a eu tendance à focaliser une grande partie de l’attention des sociologues : la psychiatrie. La santé mentale interroge en effet la relation entre l’individu et la société. L’analyse des facteurs sociaux et culturels de la maladie mentale, les représentations à l’égard de la folie et l’analyse de l’institution psychiatrique sont largement considérées comme les travaux pionniers en matière de sociologie de la santé. Erving Goffman, avec son étude des asiles, fait ainsi figure de pionnier. L’exemple de la psychiatrie souligne bien les processus sociaux en jeu dans la définition de la normalité et de la déviance, ainsi que dans les rapports entre les individus, la communauté et la société, consolidés par le traitement institutionnel.