Au début du XXe siècle, en France, les sciences sociales sont à la mode, y compris dans les journaux et chez le grand public. C’est plus encore la sociologie qui fait florès. En quelque sorte, on ne peut bien penser sans prendre en compte les aspects sociologiques. En effet, en quelques années seulement, la sociologie s’est imposée au premier plan de la scène intellectuelle française, cela grâce à des « vedettes » telles que Émile Durkheim, René Worms ou Gabriel Tarde. L'institutionnalisation de la sociologie en France peut s’expliquer par la conjonction de plusieurs facteurs :

  • d'un côté, la refonte de l'enseignement supérieur dans les années 1880 ouvre la voie aux sciences sociales ;
  • de l'autre, les initiatives d'acteurs privés.


Cependant, durant les années 1880 et jusqu'au début des années 1890, il n’y a encore aucune revue et aucun enseignement spécialisé en sociologie. C'est René Worms, normalien réputé, tenant de la théorie organiciste, qui a créé les premières institutions de la sociologie. En 1893, il donne naissance à la Revue internationale de sociologie. En 1894, il inaugure l'Institut international de sociologie et la collection d'ouvrages « Bibliothèque sociologique internationale » chez l'éditeur Giard & Brière. En 1895, enfin, la Société de sociologie de Paris est créée.

Néanmoins, René Worms ne resta que marginalement dans la mémoire des sociologues, d’un point de vue théorique. Il s’appuyait sur des professeurs de renom, mais en ne donnant que trop peu la parole aux plus récentes tentatives de rénovation des sciences sociales, spécialement en matière d’étude des sociétés.

En parallèle, se sont constituées, dans les universités, des équipes de recherche aux perspectives théoriques plus abouties que les siennes. En France, c'est Émile Durkheim, notamment via la revue L'Année sociologique, qui s’est imposé comme leader de la discipline.