L’hôpital se conçoit aisément telle une entreprise de socialisation. Dans les faits, il l’a toujours été. L’hôpital revêt une fonction sociale déterminante, peut-être même joue-t-il un rôle de contrôle social. Par ailleurs, l’institution hospitalière est également, de nos jours, une entreprise au sens industriel. Les missions et les ambitions de l’hôpital ont évolué. Tout cela confère à la sociologie un grand nombre d’éléments à étudier. Sous l’angle sociologique, un hôpital est un bouillon de cultures ou de logiques de métiers, le plus souvent vécues ou ressenties comme contradictoires, si ce n’est conflictuelles. L’institution s’avère complexe, spécialement en termes de lignes d’autorité. Michel Crozier, notamment, a analysé les stratégies des hôpitaux. En somme, l’hôpital est à l’image de la société dans laquelle il s’inscrit.

Les maladies et affections chroniques attirent plus particulièrement l’attention. Elles donnent beaucoup de travail à la sociologie comme à l’économie de la santé. Malade chronique est presque devenu une nouvelle catégorie socio-professionnelle, se normalisant sous les effets socialisants de la médecine et des soins. La vieillesse produit aussi beaucoup de grain à moudre. Aujourd’hui, l’on peut dire que certains font carrière en tant que malades.

Les professions de soignant, en général, et d’infirmière, en particulier, ont été analysées de près. Leur fonctions et leurs missions changent, en rapport avec le développement sanitaire, culturel et technologique de nos sociétés. Les études ont notamment insisté sur la division sexuelle du travail, créant un double régime de domination et subordination. On a ainsi observé de fortes ressemblances entre la mutation professionnelle, et pourtant para-médicale, de l’infirmière-soignante et l’image sociale de la femme. Quant aux médecins, Talcott Parsons définit deux idéaux-types : contrôleur social et entrepreneur moral. La médecine est une science normative. Pour une part, les médecins font la société.