L'Antiquité

Déjà durant l'Antiquité, le raisonnement sociologique est présent, bien que la notion n’existe pas, parmi les écrits d’auteurs comme Confucius ou Cicéron. Les sophistes (maîtres de rhétorique et de philosophie qui enseignaient l'art de parler en public et de défendre toutes les thèses) ont largement contribué à forger une méthode scientifique d’examen du domaine social en recourant à l'observation, la comparaison et la critique. Aujourd'hui, des livres comme Le Ménon de Platon ou L’Éthique à Nicomaque d'Aristote sont toujours des sources d’inspiration pour les sociologues.

Le Moyen-Âge

Les premières enquêtes statistiques de type sociologique datent du XIe siècle. Elles ont été réalisées lorsque Guillaume le Conquérant ordonna l'organisation d'un recensement sur son territoire, publié sous le nom de Domesday Book, en 1806. Au XIIIe siècle, Ma Duanlin, un historien chinois, souligne l'existence de dynamiques sociales sous-jacentes à l'évolution historique dans son encyclopédie, Wenxian Tongkao.

De la Renaissance au siècle des Lumières : les prémices de la sociologie

À compter du XVIe siècle, se développent davantage les conditions d'un mode d’examen de la société augurant de la sociologie telle qu’on la connaît aujourd’hui. Les évolutions scientifiques permises par les découvertes de Kepler, Galilée ou Copernic, accompagnées par le déploiement de l’humanisme qui situe l'Homme au centre des enjeux, conduisent à renverser l'ordre établi. Se produit dès lors un mouvement qui change les fondements et les cadres de la science et de la pensée. C’est surtout le caractère divin et providentiel des événements qui est remis en cause. Désormais, ce sont les hommes qui sont responsables. Peuvent ainsi s’émanciper de nombreuses théories tâchant de comprendre les fondements des sociétés.

Ces théories, sources de la sociologie moderne, sont déjà les théories du contrat social, de John Locke, Jean-Jacques Rousseau ou Thomas Hobbes. Ces philosophes situent l'origine de la société et de l'État dans un contrat originaire entre les hommes, par lequel ceux-ci acceptent une limitation de leur liberté en échange de lois garantissant la perpétuation du corps social. Les premières tentatives d'étudier la société — et sa diversité — comme un objet d'analyse à part entière, se retrouvent chez Montesquieu, dans De L'Esprit des lois, et chez Giambattista Vico, dans La Science nouvelle. Ces auteurs forgent les fondements théoriques et problématiques de la science de la société humaine, ainsi que de la compréhension de la relation entre l'action individuelle, les structures sociales et le contexte historique. C’est ainsi que, progressivement, s’affirme une méthode qui vise à expliquer les phénomènes sociaux en se détachant d'une vision fataliste, qui décrète l'accomplissement inéluctable d'une destinée.