L'individualisme méthodologique, dans la tradition nominaliste, estime que les ensembles sociaux sont des métaphores qui n’ont de réalité que dans les esprits humains, mais qui n’ont pas de réalité factuelle, pas d'autre substance que celle des individus qui les composent. Leur attribuer des caractéristiques propres aux individus (des motivations, une volonté, une possibilité d'action autonome) serait donc un abus de langage.
L'individualisme méthodologique peut se résumer en trois hypothèses :
- Seuls les individus ont des buts et des intérêts (principe de Popper-Agassi).
- Le système social, et ses changements, résultent de l'action des individus.
- Tous les phénomènes socio-économiques peuvent s’expliquer, en dernière analyse, dans les termes de théories qui ne se réfèrent qu’aux individus, à leurs dispositions, croyances, ressources et relations.
La notion d'individualisme méthodologique a été forgée par Joseph Schumpeter en 1908 dans le but de séparer l'individualisme politique et l'individualisme méthodologique. Elle a été réutilisée et complétée par les économistes Mises et Hayek, ainsi que par l’épistémologue Karl Popper. Mais c'est Max Weber qui l’a introduite dans le monde des sciences sociales et en particulier en sociologie. En France, son principal défenseur a été Raymond Boudon.
L'individualisme méthodologique est déjà une règle méthodologique qui laisse un large choix d'hypothèses, qui n’oblige a priori à recourir à aucun modèle plutôt qu’à un autre pour expliquer les comportements des individus. Ainsi les sociologues peuvent-ils analyser un phénomène social comme une agrégation de comportements individuels dictés par des motivations plus complexes que la simple maximisation d'un gain financier, dépassant l’individualisme méthodologique des économistes. Sous cet angle, les phénomènes sociaux ne sont pas les produits de déterminismes extérieurs, mais sont les fruits de la conjonction d’actions individuelles.